Rapport N°67:  BP 2024 – Séance Publique du 8 décembre 2023 – Intervention Audrey Garino

Madame la Présidente,

Monsieur le Rapporteur général du Budget,

Mes cher.e.s Collègues,

Comme chaque année, le vote du Budget Primitif correspond a un temps fort de la vie de notre collectivité. Car au-delà des indicateurs bruts et d’une présentation comptable souvent complexe, il s’agit de traduire en chiffres des priorités, des ambitions, une volonté et un état à l’instant T de nos finances.

La vérité des chiffres en quelque sorte.

La vérité des chiffres c’est la dégradation des indicateurs financiers de notre collectivité, un endettement en forte hausse et des dépenses contraintes sur le cœur même des politiques du département, celles de l’action sociale au sens large.

La vérité des chiffres c’est aussi l’ambition que porte ce budget.

Et, à la lecture du document, il est bien difficile de mesurer une intention, si ce n’est celle, selon vos propres mots, de « rationnaliser les dépenses ».

Nous ne savons que trop bien ce que cette formule signifie lorsqu’elle s’applique aux politiques publiques en général et aux politiques de solidarité en particulier : Il s’agit en fait de limiter les leviers de l’action publique en rognant sur les dépenses de fonctionnement des services et de réduire les crédits dédiés aux politiques de soutien des personnes les plus fragiles.

D’ailleurs les propos du rapporteur général du budget aujourd’hui dans la presse tendent à le confirmer.

En effet, si l’analyse développée peut etre partiellement partagée par notre groupe, notamment sur les recettes contraintes et la faiblesse des compensations de l’Etat sur les politiques obligatoires et notamment les politiques sociales, le choix de ne prendre comme seul exemple le RSA et les MNA est révélateur.

Révélateur car même cumulées, ces politiques représentent à peine 15% de nos dépenses.

Parce que les chiffres annoncés dans la presse sont plus haut que la réalité budgétaire (500 millions pour le RSA, alors qu’il s’agit de l’intégralité des politiques d’insertion), 80 millions pour les MNA alors que l’on passe de 65 à 66 millions.

Parce qu’enfin ce sont des budgets en baisse continue ces dernières années pour le RSA ou en hausse très limitée (1,5% pour les MNA

Alors réalité des chiffres ou volonté de politiser le débat autour de certains totems, sujets qui font pourtant le cœur de l’action publique des départements ? Vous aurez compris que pour nous les choses sont claires.

Vous avez raison, notre vision des politiques de solidarités envers les plus vulnérables sont très différentes.

Que le Budget Primitif 2024 soit à ce point dénué de souffle et d’ambitions, dans une période où notre société est confrontée à de telles difficultés et à de tels défis, à une crise sociale sans précédent, témoigne de votre volonté limitée, pas uniquement des contraintes qui pèsent sur le budget des collectivités.

La variation des crédits que vous proposez pour la grande majorité des actions relevant des compétences obligatoires du département sont souvent inférieures à l’évolution du taux de l’inflation, voire en baisse.

J’en veux pour exemple, je prends celui-là mais j’aurais pu en prendre d’autres, la très faible augmentation allouée au budget des MDS et de l’action sociale.

Alors même que l’ensemble des villes de France se mobilisent pour lutter contre l’augmentation croissante des enfants et des femmes en situation de sans-abrisme, alors que l’on estime à plus de 3000 enfants dormant dans nos rues en France en 2023, rien, pas un mot sur cette réalité terrible qui devrait toutes et tous nous mobiliser.

Pas un mot veut donc dire pas un crédit supplémentaire pour augmenter les places de mises à l’abri.  

J’ai coutume de dire que la politique c’est des choix. En la matière les vôtres sont excessivement clairs.

Alors vous justifiez cette austérité budgétaire en regrettant la compression des dotations de l’État.

Je vous le disais au début de mon propos, nous ne pouvons, sur ce point, que partager votre constat et nous sommes mêmes prêts à soutenir les initiatives que vous pourrez prendre pour lutter contre ce désengagement. Mais quelles sont les actions que vous avez engagées pour lutter contre cette tendance qui est tout sauf une fatalité ? Quelle stratégie envisagez-vous de développer pour rechercher des ressources nouvelles et faire de notre collectivité le bouclier social qu’elle doit être pour l’ensemble de ses habitants ?

Aucune réponse à ces questions pourtant essentielles dans la froideur comptable du document présenté.

Vous avez souhaité présenter un budget de renonciations et d’austérité.  Un budget contraint qui ne regarde pas en face la violence sociale subie par les habitants de notre département.

Nous ne pouvons que le regretter et voter contre ce rapport.

Je vous remercie,

Seul le prononcé fait foi

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