Monsieur le Maire,
Monsieur le Président de l’Amicale des Arméniens de Septèmes,
Mesdames et Messieurs, Présidents ou membres d’Associations,
Mesdames et Messieurs, Chers Amis,
C’est toujours avec émotion que je participe à cette commémoration pour rappeler et rendre hommage à l’action héroïque du groupe Manouchian durant l’occupation lors de la 2ème guerre mondiale.
Le groupe Manouchian est un symbole fort, car il est la démonstration de la capacité de chacun à s’unir, au-delà des nationalités et des confessions religieuses autour d’une cause commune.
Le groupe était composé de 23 jeunes Francs-Tireurs et Partisans de la Main d’Œuvre Immigrée (F.T.P.-M.O.I.) : 8 Polonais, 5 Italiens, 3 Hongrois, 2 Arméniens, 1 Espagnol, 1 Roumain et 3 Français.
Neuf d’entre eux étaient juifs.
23 étaient communistes ou sympathisants.
23 étaient résistants et avaient en commun la détermination et le courage pour combattre le nazisme, la haine et pour défendre les idéaux de démocratie, de liberté et de paix.
22 ont été exécutés par les nazis avec l’aide des autorités françaises collaborationnistes, le 21 février 1944 au Mont Valérien, la seule femme du groupe, Olga Bancic ayant été décapitée le 10 mai 1944 en Allemagne.
Ces 23 jeunes dont certains n’avaient pas la nationalité française, eux qu’on a voulu salir, qui ont été présentés par la propagande nazie au travers de « l’Affiche Rouge » placardée sur les murs, comme des terroristes étrangers, sont morts pour la France. Ils se sont sentis suffisamment français pour donner sans hésitation leur vie pour leur pays d’adoption.
Ils démontrent que l’on peut être héroïque durant les périodes de guerre dès lors que la paix et la liberté sont en jeu.
Leur exemple nous indique également que l’esprit de résistance doit se manifester à chaque fois que l’humanité de l’homme est remise en cause, comme doit le faire actuellement le peuple kurde face à l’armée sanguinaire de DAECH, qu’il combat vaillamment alors même que l’artillerie turque bombarde les combattants kurdes de Syrie, considérés pourtant par les Occidentaux comme un rempart contre Daech.
N’oublions jamais que si nous vivons aujourd’hui dans un pays libre et démocratique c’est à tous ceux qui ont défendu cet idéal de liberté que nous le devons.
C’est pourquoi il est important également de perpétuer leur mémoire auprès des jeunes générations.
Aujourd’hui, à la lumière des tragiques évènements et attentats qui ont frappé notre pays, parmi les plus sanglants de l’histoire de France, ou de ceux perpétrés dans d’autres parties du monde, il est indispensable dans notre société confrontée à la violence, au fanatisme et aux guerres, de continuer à transmettre et promouvoir les valeurs essentielles de tolérance, de fraternité, de respect de l’autre, qui sont les garants de la liberté, de la démocratie et de la paix.
« Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la liberté sauront honorer notre mémoire dignement » écrivait Missak Manouchian, réchappé, rappelons-le, du génocide arménien perpétré par la Turquie en 1915, il y a 101 ans.
Depuis 2014 un appel à signatures a été lancé pour le transfert des cendres du groupe de résistance Manouchian au Panthéon, sans être pour le moment suivi d’effet, malheureusement.
Pourtant, pour reprendre les mots prononcés lors d’un hommage au groupe Manouchian : « en transférant leurs cendres et leur message sous la coupole de ce temple laïque, les générations présentes et futures apprendraient qu’avant d’avoir le visage de la solidarité et de la liberté, la France et l’Europe avaient celui de ces hommes et de cette femme ».
