HOMMAGE AU GROUPE MANOUCHIAN ET A LA RESISTANCE : Discours de Claude JORDA

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Monsieur le Maire,

Madame et Messieurs les Présidents d’associations

Mesdames, Messieurs,

Cher-e-s Ami-e-s,

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Depuis plusieurs années, c’est toujours avec beaucoup d’émotion que je participe avec vous à l’hommage rendu à la Résistance et au groupe Manouchian, pour rappeler les actions héroïques de tous ceux qui ont combattu pour défendre la liberté et sont tombés pour la France.

Cette année, cela fera 75 ans que les mem

bres du Groupe Manouchian, après avoir été torturés, ont été fusillés au Mont Valérien et qu’Olga BANCIC la seule femme du groupe,  a  été décapitée à Stuttgart.

75 ans, que certains souhaiteraient qu’on oublie le rôle héroïque que ces hommes et femme ont joué.

Car ce groupe, rendu célèbre par ses faits d’armes et la non moins célèbre Affiche Rouge annonçant leur mise à mort, est emblématique de la résistance des Francs-Tireurs et Partisans de la Main d’Œuvre Immigrée (FTP – MOI).

Paul Eluard dans le poème consacré à leur mémoire écrit :

« C’est que des étrangers comme on les nomme encore
Croyaient à la justice ici-bas et concrète.

Ils avaient dans leur sang le sang de leurs semblables
Ces étrangers savaient quelle était leur patrie
 »

Demain soir, sera diffusé à Septèmes  le film documentaire de Michel Violet qui relate l’épopée héroïque de4arsène Tchakarian engagé avec Missak Manouchian.

Quelle émotion à ressusciter ce parcours engagé. Arsène Tchakarian, qui nous a quittés au mois d’Aout dernier rappelle dans ses mémoires : « Nous n’étions pas des héros. Il ne faut pas croire que nous n’avions pas peur. Nous avons résisté parce que nous en avions la possibilité : pas de famille, pas de travail. Et parce que nous aimions la France. Elle nous avait adoptés. ».

Pas des héros ? Pourtant, quel bel exemple de courage et d’engagement.

Parmi les plus actifs et les plus déterminés contre l’occupant nazi, le groupe de « l’affiche rouge » était composé de 23 jeunes communistes et sympathisants.

Ils étaient pour  la plupart des femmes et des hommes chassés de leurs pays par la misère, la guerre ou les persécutions.

« L’Affiche Rouge », sur laquelle figuraient 10 d’entre eux, devait servir à la propagande nazie qui stigmatisait l’origine étrangère de la plupart des membres de ce groupe, principalement des Arméniens et Juifs d’Europe de l’est, mais aussi des italiens opposés à 52598211_2013322965638795_1690655090853019648_nla dictature de Mussolini ou des républicains espagnols ayant combattu le fascisme incarné par Franco. Républicains espagnols dont on commémore cette année les 80 ans de leur retraite « la retirada » et de leur enfermement par le gouvernement français en février 1939 dans des camps de rétention comme celui d’Argelès

En ce temps-là, on ne les appelait pas encore des migrants !!

En ce temps-là, ils ne traversaient pas les mers en cargos pour être abandonnés en Méditerranée. Pourtant ils fuyaient les mêmes phénomènes.

Aujourd’hui, notre monde ne va pas bien,  comme le disait mieux que moi Gramsci « le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres » La menace des ultras droites en Europe inquiète la démocratie.

Les tags anti sémites et racistes pleuvent, tout comme les croix gammées. Cette semaine après les locaux du PCF dans l’Isère, les portraits de Simone VEIL, ce sont des dizaines de tombes qui ont été profanées dans un cimetière Alsacien.

Cela est insupportable et abîme la mémoire de ces combattants. Nous avons le devoir de nous lever contre ces infamies – comme nous l’avons fait par milliers mardi !

Le devoir de poursuivre et de ne pas accepter la moindre injustice !

Alors que nous sommes confrontés, partout dans le monde, aux nationalismes, aux fanatismes, aux fondamentalismes de toutes sortes, nous devons nous dresser face à ces véritables fléaux de l’humanité.

Face à tant d’horreurs, le combat des démocraties doit s’inscrire dans le respect des droits de l’homme, la recherche de la paix et la transmission à nos enfants des valeurs essentielles de tolérance et de respect de l’autre.

Le groupe Manouchian était constitué de membres de la main d’œuvre immigrée dit MOI, de nationalités et de confessions religieuses différentes. C’est bien un symbole fort qui prend toute sa signification actuellement.

Ce symbole est la démonstration de leur courage et de leur abnégation et indique aussi qu’au-delà des différences, on peut être réunis pour une cause commune, la défense de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.

Cette image des résistants est résolument moderne.

Au nom de tout cela, on ne peut que regretter que la République n’ait pas poussé la reconnaissance légitime de ces 23 héros en transférant les cendres de Missak MANOUCHIAN au Panthéon. C’est pourquoi j’ai proposé à Roger Meï, comme l’a déjà fait à plusieurs reprises mon ami André Molino, d’écrire au Président de la République pour renouveler cette demande.

Il est vraiment temps que cette requête soit entendue !

Pour terminer, permettez-moi de vous citer une fois encore Paul Eluard avec la fin de ce merveilleux poème : Légion,  qui est dédié aux résistants de l’affiche rouge :

« Ces étrangers d’ici qui choisirent le feu

Leurs portraits sur les murs sont vivants pour toujours

Un soleil de mémoire éclaire leur beauté

Ils ont tué pour vivre ils ont crié vengeance

Leur vie tuait la mort au cœur d’un miroir fixe

Le seul vœu de justice a pour écho la vie

Et lorsqu’on n’entendra que cette voix sur terre

Lorsqu’on ne tuera plus ils seront bien vengés.

Et ce sera justice. »

 

Je vous remercie.

 

Seul le prononcé fait foi

Gardanne le 21 février 2019 – Septèmes les Vallons le 23 février 2019

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