Mesdames, Messieurs,
Cher-e ami-e, Cher-e camarade,
Nous voici une nouvelle fois réuni-es pour les vœux du groupe.
Ce moment convivial nous permet de faire le bilan de l’année écoulée, du travail que nous avons engagé, et de pouvoir le partager avec vous.
Vous avez noté que nous avons voulu mettre au cœur de nos vœux 2019 : la solidarité. Et nous y tenons !
D’abord parce que comme le dit Victor Hugo : « Le propre de la solidarité, c’est de ne point admettre d’exclusion. »
C’est d’ailleurs au cœur de nos interventions au quotidien dans nos cantons et au sein même de la collectivité.
En effet, à chaque fois que nous le pouvons, nous le rappelons à la majorité comme l’a fait Nicolas Koukas au dernier vote du budget sur la non augmentation de l’APA, cette prestation si utile pour les personnes en perte d’autonomie pour rester à domicile, qui reste en dessous de 20 euros. Alors que le guide des bonnes pratiques de l’aide à domicile du Ministère des affaires sociales, qui est le référentiel pour le contrôle des acteurs, préconise que le tarif APA ne soit pas inférieur à celui de la CNAV.
Notre Département est largement en dessous. Les associations de l’aide à domicile, avec des tarifs versés trop bas et la suppression des contrats aidés sont au bord de l’explosion et des centaines d’emplois sont en jeu. C’est tout un pan de l’économie sociale et solidaire qui risque d’être en difficulté.
Notre Département dont la solidarité est la compétence principale a une responsabilité toute particulière envers chacun-es des habitants de notre département et cela de 0 à 99 ans
pour les plus jeunes.
Et essentiellement en direction des populations les plus fragiles, celles qui, au R.S.A, essaient de vivre, celles en situation de handicap qui souhaitent bâtir un parcours de vie choisi…
La solidarité pour nous ce n’est pas la mise en place d’un dispositif qui demanderait aux bénéficiaires du RSA de s’engager bénévolement dans les associations du département.
Car comme l’a dit Aurore Raoux lors de la dernière séance publique : « Nous pensons que le bénévolat ne souffre d’aucune contractualisation et que dans l’idéal, il suffirait de faire la promotion de cet engagement citoyen auprès des bénéficiaires du RSA, sans passer par une convention. »
C’est pour toutes ces raisons que nous sommes sensibles aux débats lancés par les gilets jaunes.
De manière diverse, car la situation n’est pas la même dans chacun de nos cantons et il faut bien le reconnaître ce mouvement est multiple pour ne pas dire diversiforme.
Pourtant il appelle à plus de solidarité, plus d’égalité.
Les échanges que nous avons au quotidien sont vifs et constructifs.
Mais tous ces citoyens sont déterminés : ils veulent vivre mieux, une égalité de traitement et donner leur point de vue… nous sommes les élu-es, directement interrogé-es sur notre rôle et le sentiment d’impunité.
Est-ce que cela veut dire que la lutte des classes s’habillerait de jaune ?
Il me semble que pour réussir il est nécessaire de regarder comment tous les citoyens : des robes noires aux stylos et gilets rouges … qui revendiquent de manières très variées, peuvent se rassembler.
Alors qu’aujourd’hui le seuil de pauvreté est à 1015 euros et le SMIC pas tellement plus haut : 1150 euros, il reste pour nous à regarder comment les plus faibles, les plus précaires, « les sans voix » sont dans le rond et participent à ce débat démocratique.
Car pour l’instant le débat proposé par Macron c’est : on parle de ce que je veux, comme je veux et pour dire ce que je veux : soit pas d’augmentation des salaires, des retraites et des points d’indices des fonctionnaires.
Alors comment, dans ce contexte on fait entendre les agents du Département, ceux de l’hôpital Nord et les autres, les travailleurs sociaux qui se mobilisent pour avoir plus de moyens, et toutes celles et ceux qui veulent vivre et travailler mieux ?
Nous n’avons pas attendu pour dénoncer les fractures territoriales, nous insurger contre la casse des services publics de proximité et exiger des Gouvernements successifs qu’ils répondent à la triple urgence sociale, démocratique et écologique.
Nous avons à cœur de construire avec la population de nos cantons et essayons de conjuguer notre mandat et la démocratie. Nous avons mis en place des conseils de cantons, des espaces de dialogue parce que pour nous cette question est essentielle.
Nous n’avons jamais été entendus !
Dernièrement encore, nous avons, à partir des échanges avec les salariés, la direction et les élu-es du territoire, écrit au Ministre de l’écologie pour lui demander un moratoire concernant la Centrale de Gardanne,.
Il ne s’agissait pas d’un courrier des élu-es communistes mais de l’ensemble des élu-es concernés de droite comme de gauche – car oui nous savons travailler avec d’autre quand il s’agit de l’intérêt général !-
A ce jour pas un mot, pas une réponse : que dis-je, si bien sûr ! Une réponse dans le journal la Marseillaise pour dire non, je n’écouterai pas le peuple, c’est décidé comme je veux, sans concertation, sans échanger!
Et celle qui s’y est collée c’est notre grande responsable du débat national : Emmanuelle Wargon. Cela laisse présager de comment seront menés les débats !!!
Comme si il fallait toujours opposer industrie et développement durable. Nous pensons au contraire que l’industrie de demain doit prendre en compte cette question. Le développement durable doit être au cœur de chacune de nos réponses et décisions et ne peut se résumer aux véhicules électriques d’autant que pour nous, c’est de transports publics et gratuits dont nous avons besoin.
Et maintenant il faudrait que les élu·e·s locaux·ales jouent « un rôle essentiel » dans le débat national que Macron a décidé de lancer en réponse à cette profonde crise qui secoue notre pays et que nous ne résumerons ni aux violences ni à la couleur d’une chasuble.
Alors Monsieur Macron, nous continuerons à prendre des initiatives, à entendre et faire entendre celles et ceux qui le souhaitent et nous le ferons quelque que soit la question !
Tout cela montre que notre système a failli, et que notre demande d’une 6eme République prend tout son sens. C’ est pourquoi le débat sur les institutions ne peut se résumer à la diminution de leur nombre et la fusion de certaines d’entre elles.
Le débat sur la fusion Département/Métropole se poursuit, le Préfet a déposé son rapport en fin d’année. Que dit-il ? Nous n’en savons rien !
Nous avons réussi à le rencontrer et nous avons avec Gérard Frau indiqué : que nous tenions au Département comme collectivité de proximité et que faire le choix de la fusion c’était éloigner les citoyens des lieux de décisions, c’était mettre en difficulté une collectivité qui financièrement ne l’était pas !
Nous lui avons indiqué que nous avions souhaité rencontrer la population et les syndicats avant de le voir. D’ailleurs comment les choses vont se passer pour le personnel : ça non plus nous n’en savons rien… il est nécessaire qu’il soit consulté !
Le Conseil de Provence de son côté indique clairement « une fusion rapide en moins de deux ans est un mécano institutionnel qui ne génère que des risques et de l’inefficacité. »
Martine Vassal a elle aussi déposé son projet et a indiqué au personnel que le siège de la Métropole serait au Département : bien ! Mais pour y faire quoi ? Nous l’avons pourtant souvent interpellée pour que ce débat se construise dans l’assemblée et soit partagé avec l’ensemble des élu-es.
D’autre part, elle indique ne pas devoir refuser la fusion en « s’accrochant aux grilles de nos collectivités ». Comme si la question était close ! Le résultat obtenu par les Départements de la petite couronne nous montre le contraire : ils ont gagné, la mobilisation a été utile, les départements ne seront pas supprimés !
A Bordeaux, Alain Juppé vient d’indiquer qu’il renonce à la fusion du département et de la Métropole de Bordeaux.
Quant à nous, nous n’avons pas changé d’avis –Le mariage d’un Département qui détient une expertise certaine, des moyens humains et financiers plutôt corrects malgré un endettement qui sera supérieur au Milliard à la fin du mandat à une Métropole qui dysfonctionne, non désirée et qui traine 2 milliards et demi de dette n’est pas viable !
Une fusion dont tout le monde parle mais dont personne ne veut vraiment. Et si une fusion forcée avait lieu, avec les retards et les immenses besoins de la Métropole sans capacités d’autofinancement : que deviendraient les engagements sur les constructions de collèges, de casernes de pompiers, l’aide aux communes, aux associations, aux clubs sportifs…
Nous pensons qu’il y besoin de solidarité territoriale pour répondre aux besoins : qu’il s’agisse des transports, de l’aménagement ou du développement économique.
Mais nous voyons bien que la question qui est posée avec cette fusion c’est comment réduire la dépense publique donc les services publics….et cela nous n’en voulons pas ! Nous pensons à l’inverse qu’il nous en faut plus.
Si je ne prends que la question de l’enfance, 2019 sera celle des 30 ans de la signature de la convention des droits de l’enfant. Cet évènement doit résonner dans toute la société, et ce moment doit permettre à notre institution de s’engager encore plus dans la protection de l’enfance et « Faire avancer les droits des enfants, c’est travailler au bien-être de tous » comme l’a souligné Jean-Pierre Rosenczveig, ancien président du tribunal pour enfant de Bobigny.
Et sans entrer ici dans le détail du texte adopté par l’ONU, je dirai simplement que les droits qu’il définit dessinent les contours d’un monde bien différent de celui que nous connaissons.
D’ailleurs, à chaque occasion qui leur est donnée ou qu’ils se donnent, les enfants expriment avec force et esprit de responsabilité cette exigence.
Comment ne pas y voir un appel pressant à transformer ce monde. C’est en tout cas ainsi que nous l’entendons.
Avec la volonté de faire tout ce qui peut dépendre de nous pour que les exigences qu’il contient prennent corps dans la réalité.
Je l’ai dit il y a un instant : évoquer le sort fait aux enfants c’est, inséparablement, réfléchir aux grandes avancées nécessaires à un développement humain, fraternel, de la civilisation. C’est réfléchir aux moyens de faire en sorte que la modernité se conjugue au progrès social, à la justice, à l’égalité, à la libération humaine.
C’est dans ce sens que dès notre élection, Gérard Frau avait demandé à la Présidence que notre collectivité prenne ses responsabilités vis-à-vis des mineurs étrangers qui dorment dans les rue de Marseille. Depuis, la situation s’est améliorée, mais il reste encore à faire.
Nous sommes dans une situation inédite, et ne pensons pas qu’elle va aller en s’améliorant : les conflits, la misère et les migrations climatiques sont sources de déplacements de plus en plus importants.
Comment pourrions-nous y échapper ? Cela arrivera peut être ici même un jour. 800 d’entre eux sont déjà hébergés et suivis par le département, soit en établissement, soit à l’hôtel.
En 2019 ils devraient être 1000.
Alors oui, vraiment comme le dit si bien Bihmane Belattaf , poète jardinier algérien, «La solidarité nourrit les racines, desquelles se tisse la fraternité » Oui, plutôt que d’ouvrir le débat national avec la question des migrations accolée à celle de la laïcité, à la manière de Sarkozy, comme l’a fait la Maire de Palerme pour les migrants qui arrivaient dans sa commune, il nous faut affirmer que chacun a sa place dans notre département et pour cela il ne peut y avoir d’autre chemin que celui : « d’agir dans son lieu et de penser le monde ».
Car la seule réponse ne peut être qu’il y aurait « défaut d’intégration supposé des seuls immigrés. La France souffre avant tout d’une désintégration sociale, toutes couleurs de peaux, toutes origines, toutes religions ou non religion confondues.
C’est la désintégration de ceux qui ne peuvent plus boucler les fins de mois, de ceux qui sont livrés aux travaux précaires, ceux qui voient leur pouvoir d’achat se réduire tandis qu’explose la bulle spéculative et la fraude fiscale. Quelles que soient nos origines, nés ici ou venus d’ailleurs, nous avons besoin d’une justice économique et sociale, nous avons soif de solidarité et de fraternité. »- Communiqué du MRAP du 15.1.19
Dernier exemple pour ne pas alourdir mes propos, vous comprendrez que je ne pouvais pas ne pas parler de la question du logement.
Les évènements et la tragédie de la rue d’Aubagne à Marseille ont révélé, une fois de plus, les conditions de vie inhumaines subies par des milliers de familles à travers la France.
Copropriétés et logements sociaux dégradés, paupérisation de l’habitat pavillonnaire… Ces situations dramatiques appellent une réponse publique d’ampleur inégalée, soutenue par l’Etat. Martine Vassal a annoncé un certain nombre de propositions, dont une intervention du Département en faveur d’une adhésion au protocole d’Eradication de l’Habitat Indigne de la ville de Marseille.
Nous avons demandé par la voix d’Evelyne Santoru-Joly d’élargir l’adhésion de notre collectivité à l’ensemble des protocoles d’éradication de l’habitat indigne existant sur le territoire départemental.
Car nous pensons que localement communes, départements et région doivent prendre leurs responsabilités et agir, mais qu’une politique nationale du logement avec un Service Public du Logement est plus que nécessaire.
Car penser que la seule responsabilité en incombe aux institutions locales c’est se leurrer, cela ne serait pas suffisant, ni juste.
D’autant que la loi Elan va a contrario de tout ce qu’il faudrait faire – même si elle propose entre autre le permis de louer mais cela reste un dispositif volontariste.
Son but est de confier au marché la réponse à la crise du logement en incitant à la spéculation et à la privatisation du secteur HLM, en facilitant la vente à la découpe, actions qui conduisent à la dégradation des copropriétés et à la mal-vie des habitant.es.
Et nous ne pensons pas qu’il suffirait de supprimer l’aide aux communes aux villes en dessous de 25% de logements sociaux pour que les 72 000 logements manquants dans notre département soient enfin construits. Il faut bien sûr des mesures incitatives et coercitives et cette question est l’affaire de tous, les débats sur le PLH doivent, en lien avec le PLUI, y répondre. Il faut aussi que l’Etat ait le courage et donne les moyens aux collectivités de répondre aux besoins des citoyens.
Voilà j’en ai terminé, vous l’avez vu
nous revendiquons la solidarité comme ligne conductrice de notre action, la solidarité est moteur de transformation d’ici et du monde car nous pensons comme Albert Jacquard : que «Désormais la solidarité la plus nécessaire est celle de l’ensemble des habitants de la terre »
Seul le prononcé fait foi