Madame la Présidente,
Chers Collègues,
Le rapport n° 11 qui est présenté aujourd’hui à notre Assemblée pour avis, nous interpelle. Changer le nom d’une ville comme d’une personne n’est jamais anodin.
Tout d’abord, rappelons que la révision du nom d’une commune est un rare privilège que la République Française n’accorde que par décret en Conseil d’Etat. De plus, la Haute Assemblée a défini de manière jurisprudentielle, les deux critères qui peuvent donner lieu au changement de nom d’une commune (c.f. circulaire ministérielle du 15 décembre 1981) :
– éviter un risque sérieux d’homonymie avec une ou plusieurs autres collectivités,
– rétablir une dénomination historique tombée en désuétude.
Or, il n’existe qu’une seule ville d’Aubagne en France et la dénomination historique n’est pas tombée en désuétude.
En effet, cette ville assume depuis plus de mille ans un nom qui est célèbre dans le monde entier à plus d’un titre, que ce soit à travers l’œuvre littéraire et cinématographique de Marcel Pagnol, pour sa position privilégiée au pied du Garlaban, ou parce qu’elle est reconnue comme la capitale de l’argile, de la céramique et des santons…
Aubagne, c’est un nom qui évoque à lui seul la Provence.
Dès lors quel besoin y aurait-t-il d’accoler à Aubagne le suffixe « en Provence » ?
Mais si malgré cela, les défenseurs de la nouvelle appellation ne seraient pas convaincus, il faut qu’ils sachent que l’appellation en « Provence » va au-delà de la simple image d’Epinal.
En plus du charme de ses paysages et de sa légendaire douceur de vivre, la Provence peut être fière de son histoire riche et prestigieuse. Elle a été pendant des siècles une terre d’accueil, de culture, de solidarité et de fraternité.
Le mot « Provence » est porteur de sens, de valeurs.
Or, à Aubagne, force est de constater que toutes ces valeurs que la ville a su jusqu’ici défendre et perpétuer, sont depuis 2014 mises à mal par les mêmes qui revendiquent l’appellation « en Provence ».
En effet, des attaques sans précédent s’exercent dans le domaine des libertés culturelles, de la solidarité et de la Paix.
Sans être exhaustifs, quelques exemples nous paraissent éloquents.
– Dans la Ville de Paix qu’est Aubagne depuis 30 ans, le Maire a interdit une manifestation qui rassemblait des milliers de personnes chaque année et qui ne peut plus se tenir,
– Dans le domaine de la solidarité, les Restos du Cœur et le Secours Populaire ont failli être expulsés de leurs lieux d’accueil, heureusement protégés par la mobilisation des habitants,
– le Service Public qui est malmené, dont la restauration publique est confiée à présent à une multinationale…
Au vu de tout cela, nous restons très dubitatifs quant aux motivations qui fondent cette demande.
Pagnol, homme du peuple n’aurait surement pas apprécié ce qui se passe dans sa ville.
Aubagne jusqu’ici a toujours été – et sans besoin d’une appellation quelconque – une ville qui a su évoluer dans la diversité et dans le vivre ensemble au cœur d’une Provence dynamique et ouverte.
Par ailleurs, nous sommes particulièrement étonnés que personne ne soucie des coûts qu’entrainerait ce changement d’appellation pour les administrés.
Aubagne est tellement en Provence que devoir le préciser témoigne avant tout d’un véritable complexe d’identité.
Epargnons cela aux Aubagnais qui eux savent très bien où ils habitent.
Pour toutes ces raisons, notre groupe ne donnera pas un avis favorable à ce rapport, d’autant que tout le monde sait que la demande sera retoquée.
Je vous remercie,
Seul le prononcé fait foi
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