Madame la Présidente,
Monsieur le rapporteur au budget,
Mes chers Collègues,
Le débat d’orientation budgétaire issu du Rapport d’orientations présenté par notre collègue délégué au budget revêt une importance majeure dans la vie de notre collectivité puisqu’il permet de présenter et d’analyser la situation budgétaire, financière et fiscale mais également d’avoir un débat sur lequel chaque groupe peut s’exprimer en amont du vote du budget.
La lecture du rapport, de notre situation financière et des évolutions de recettes ferait pâlir de jalousie bien des départements et bien des collectivités en France.
Malgré les mauvais coups de l’Etat passés, en cours et surtout à venir, notre situation est saine et nos marges de manœuvre bien réelles.
La fiscalité directe, sans augmentation sur les ménages, est positive sous l’effet de l’évolution des bases, le marché de l’immobilier florissant ce qui rejaillit sur nos recettes de DMTO (+ 8 %), et provoque une augmentation de nos recettes de fonctionnement de près de 2 %.
Cela nous impose d’être ambitieux et de répondre aux besoins des populations qui sont -passez-moi le terme – notre cible, c’est-à-dire les plus démunis.
Car nous ne cessons de le dire, et cela s’est encore renforcé depuis la loi NOTRe, nous sommes chefs de file en matière d’action sociale, c’est-à-dire de solidarité, d’insertion, d’action envers les personnes âgées, les personnes en situation de handicap, l’enfance dans toutes ses dimensions.
Cela veut dire que nos marges de manœuvre doivent nous permettre de renforcer les actions d’insertion, de relever encore le niveau de l’A.P.A. pour lequel nous restons en dessous des 20 euros, l’aide aux associations qui sont le ciment social de notre département, les solutions d’urgence face aux détresses de ceux qui vivent dans la rue qu’il s’agisse d’hommes, de femmes, d’enfants, qu’ils soient étrangers ou pas, car notre action de solidarité et d’insertion est avant tout une action pour la dignité humaine.
Je vois dans le rapport que vous confirmez pour nos collèges, je cite « la création de 300 emplois permanents ».
Si nous ne pouvons que nous en réjouir, nous aurions préféré y lire « de 300 emplois permanents et statutaires » puisque nous nous inscrivons dans la durée et que bien plus que de herses et de caméras, ce dont nous avons besoin dans nos collèges, c’est de plus d’adultes.
En résumé, que tous les moyens soient mis en œuvre dans le service public départemental, dans nos MDS, nos PMI et l’ensemble de nos services d’accueil en renforçant également le travail de prévention où le nombre d’éducateurs spécialisés est en régression.
Et cette action doit s’accompagner de l’exigence que chacun assume ses responsabilités qu’il s’agisse de l’Etat, de la Métropole, de la Région qui coupe les financements aux centres sociaux ou aux contrats de ville mais également de la CAF, de Pôle emploi, des services de l’Etat en général qui se réduisent comme peau de chagrin.
Une étude de l’Institut des Politiques Publiques parue dans le monde du samedi 13 Octobre démontre que si les plus riches vont connaître un véritable gain de pouvoir d’achat et les classes dites moyennes un petit gain, ce sont encore les plus démunis qui vont connaître une baisse réelle de leur pouvoir d’achat sous les effets cumulés des budgets 2018 et 2019.
Ce malgré les opérations de communication à bout de souffle du Gouvernement.
Vous disiez, lors de la présentation du DOB pour 2016, en guise de conclusion voire de profession de foi : Je cite le rapport :
« Le travail et le mérite doivent davantage être reconnus et récompensés. Notre politique d’aides doit être mieux ciblée sur les classes moyennes et les familles qui en ont VRAIMENT besoin. »
Je vous avais dit, sans que vous ne me répondiez vraiment, que je comprenais mal le sens de cette phrase conclusive.
En tous cas, la lecture que nous souhaitons en faire c’est que le travail de celles et ceux qui animent le service public départemental soit toujours mieux reconnu et que ceux qui en ont vraiment besoin, c’est-à-dire celles et ceux qui souffrent – dans un pays qui compte 9 millions de pauvres – ce sont les plus démunis pour lesquels nous devons être, toujours plus et avec d’autres, un bouclier social.
Cela veut dire de mettre tous les moyens dans nos Maisons de la Solidarité où, souvent, les personnels sont en souffrance.
Après les mouvements de grève dans le 13ème, nous sortons de quinze jours d’actions dans la MDS du 3ème arrondissement relayés la semaine dernière par une grève dans l’ensemble des M.D.S.
L’ASE gère près de 3 500 enfants dont 800 mineurs isolés étrangers.
La protection de l’enfance est au cœur de notre mission, il nous faut entendre les travailleurs sociaux et administratifs de ces services et leurs représentants en y consacrant un effort maximal.
C’est notre responsabilité et notre rôle majeur !
Mais tenir un Débat d’Orientations Budgétaires, c’est aussi se projeter sur l’avenir :
Et là… Avec les incertitudes sur la métropole, une éventuelle fusion… Une Présidente bicéphale… Que d’ambiguïtés…
Le mariage d’un Département qui détient une expertise certaine, des moyens humains et financiers plutôt corrects malgré un endettement qui sera supérieur au Milliard à la fin du mandat à une Métropole qui dysfonctionne, non désirée et qui traine 2 milliards et demi de dettes…
Une fusion dont tout le monde parle mais que personne ne veut vraiment un peu comme un couple qui voudrait se marier mais surtout ne pas avoir d’enfants ensemble…
Et si une fusion forcée avait lieu, avec les retards et les immenses besoins de la Métropole sans capacités d’autofinancement : que deviendraient les engagements sur les constructions de collèges, de caserne de pompiers, l’aide aux communes, aux associations, aux clubs sportifs…
Et puis nous fusionnerons le Département avec la Métropole, avec une Métropole à Toulon, une Métropole à Nice qui sous peu en feraient de même et un jour, un libéral bien trempé à la sauce de la baisse de la dépense publique viendra nous expliquer qu’il est déraisonnable d’avoir trois Métropoles sur un périmètre pareil, qu’il faut n’en faire qu’une. Puisqu’avec cette grande Métropole, la région ne sert plus à rien…
Il viendrait en fait nous annoncer la fin des collectivités territoriales, La fin de la décentralisation, la fin de la démocratie de proximité…
Nous ne nous y résolvons pas !
Les compétences majeures du Département doivent rester au Département d’autant que la loi NOTRe a supprimé les doublons en terme de compétence même si vous les premiers cherchez toujours comment contourner ses effets.
La Métropole est en échec parce que le remède administré est plus terrible que le mal.
Laissons aux communes et au Département qui sont le couple le plus efficace de notre République, les compétences de proximité, d’action quotidienne et laissons la Métropole agir, avec des moyens renforcés par l’Etat, sur les grandes dimensions spatiales du développement économique, de la mobilité, de l’environnement, de l’université ou de la santé.
Nous nous remettrions la tête à l’endroit, nos concitoyens pourraient mesurer l’efficacité de l’action publique locale et nous pourrions, ici, avoir un débat serein, avec des certitudes sur l’avenir comme le méritent également les agents de notre institution qui ont besoin de sérénité pour assumer leurs difficiles missions.
Je vous remercie.
Seul le prononcé fait foi