Le recours annoncé aux ordonnances pour casser la SNCF doit nous amener à revenir sur toutes les atteintes à la démocratie dans notre pays ces dernières années, et en particulier depuis l’élection du président Macron.
De la mise en place de l’état d’urgence permanent- état par définition d’exception- en passant par la suppression des collectivités de proximité et par le recours
systématique à la répression policière, la démocratie ne se porte pas bien dans notre pays qui renie ce qui a fait de lui un modèle à travers le monde.
Le pays des Droits de l’Homme ne doit pas devenir une lointaine référence historique.
Le Président de la République ne cesse de se réclamer de la légitimité du suffrage universel pour multiplier ses coups de force. Nul ne conteste cette légitimité, il faut toutefois en rappeler les limites. M Macron a recueilli au premier tour de la présidentielle 24,1 % des suffrages exprimés soit 18 % des inscrits.
Son élection au deuxième tour est largement une élection par défaut pour faire barrage à l’extrême droite.
La nature du suffrage universel ne justifie pas à elle seule le caractère démocratique d’un régime.
Ce qui fonde le caractère démocratique d’un régime, c’est aussi l’usage que l’on fait des institutions, la place que l’on accorde au Parlement et aux corps intermédiaires, le respect de la minorité et de sa légitime représentation. Autant de choses que- malgré une majorité écrasante à l’Assemblée -le Président et son gouvernement considèrent comme « des obstacles au changement », d’ailleurs le projet de réforme du Parlement n’a qu’une ambition, renforcer le présidentialisme. Le choix, par exemple, de diminuer d’1/3 le nombre de parlementaires et le nombre d’amendements est une véritable casse de la démocratie.
Alors qu’il faudrait revitaliser la démocratie en partant des communes, petit à petit on éloigne les citoyen.nes des centres de décision en créant des métropoles, on dénie aux syndicats les moyens d’intervenir, on développe une stratégie de la culpabilisation des plus modestes, on fait de la politique un spectacle. Et dans le même temps -comme aime à le dire M Macron- l’ensemble des services publics sont en déshérence, l’impôt sur la fortune est supprimé, la chasse à l’évasion fiscale est bien moins énergique que celle aux sans-papiers…
Les citoyens attendent autre chose : être écoutés au lieu d’être méprisés ! Pour cela il est nécessaire qu’ils fassent irruption dans la politique.
Peut-être devrions-nous relire « la peau de chagrin » de Balzac. Force de vie de son propriétaire la peau de chagrin diminue chaque fois que celui-ci assouvit son désir de puissance… jusqu’à ce qu’il la fasse disparaître complètement.
Oui, la démocratie est mise à mal en France et cela concerne chacune et chacun.
Claude Jorda
Président du Communistes et Partenaires
Conseil Départemental 13
Marseille le 6 mars 2018