Madame la Présidente,

Chers (es) Collègues

Par ce rapport et comme l’impose le Code Général des Collectivités Territoriales, vous soumettez à notre assemblée une information relative à l’encourt et à la structuration de la dette du Conseil Départemental des Bouches-du-Rhône.

Dans ce document très technique mais néanmoins éclairant, quelques chiffres retiennent particulièrement notre attention.

Tout d’abord, celui de l’encours de dette au 31 décembre 2023 : 1,93 milliard d’euros, qui classe notre collectivité parmi les plus endettées de France.

En soi, ce chiffre pourrait s’expliquer par la taille de notre territoire et les difficultés auxquelles il est soumis.

Mais l’examen mérite d’être approfondi.

Il convient tout d’abord de rappeler que cette dette s’est envolée sous votre mandat, Madame La Présidente, et qu’elle a plus que quadruplé depuis 2015 !

Dans son rapport d’observations pour la période 2013-2022, la Chambre Régionale des Comptes soulignait d’ailleurs que « la dette était en très forte progression » et alertait sur les conséquences de cette dégradation en matière de CAF nette pour notre collectivité pour les prochaines années.

Deuxième élément d’analyse particulièrement intéressant, celui de l’endettement moyen par habitant comparé aux départements de la même strate. Il est de 940 euros par habitant au 31 décembre contre 520 euros en moyenne par habitant pour les départements de la même strate. Et il a encore augmenté de près de 7 % l’année dernière.

Enfin, la structure même de la dette départementale évolue défavorablement avec un taux moyen de 2,45 % au 31 décembre 2023 contre 1,48 % en 2022.

En résumé, notre dette explose, bien au-delà de la moyenne observée pour les Départements de la même strate, sa structure se dégrade et cette situation obère gravement les marges de manœuvre de notre collectivité pour les prochaines années.

Ce résultat est d’autant plus désolant, pour ne pas dire consternant, qu’il est produit par des représentants de familles politiques qui se présentent volontiers comme les chantres de l’orthodoxie budgétaire et les contempteurs de la dépense publique.

Sujet hautement d’actualité, tant au niveau national, ces discours anxiogènes sur les conséquences dramatiques de la dette publique et sur l’absolue nécessité de réduire les dépenses, notamment celles qui sont facteurs de redistribution, sont développés chaque jour par votre famille politique.

Vous-même, Madame la Présidente, vous justifiez régulièrement les coups portés aux politiques départementales de solidarité, mais pas uniquement, par vos choix de gestion budgétaire.

Vous nous infligez, de fait, un double mouvement paradoxal et contradictoire : Raboter les politiques publiques départementales tout en creusant spectaculairement la dette.

C’est une performance rare… dont vous conviendrez que nous ne puissions vous féliciter.

Je vous remercie,

Seul le prononcé fait foi