Intervention d’Evelyne Santoru-Joly : Séance Publique du 10 février 2017- Rapport 3 – Fin de l’Observatoire du Droits des Femmes et de l’égalité des chances

Evelyne SANTORUMadame la Présidente, chers collègues,

Vous comprendrez, Madame la Présidente, Madame la Déléguée au logement et à l’Observatoire des discriminations, que je ne pouvais me taire à l’occasion de ce rapport.

Vous me trouverez, avec les collègues de mon groupe communistes et partenaire, toujours en opposition avec tout ce qui s’apparente de près ou de loin à rendre invisible le combat pour l’égalité homme et femme.

Je suis d’ailleurs déjà intervenue plusieurs fois à ce sujet pour m’en inquiéter et aussi, puisque nous nous positionnons de manière constructive, pour saluer ce qui se réalise ici pour les femmes qui subissent les violences.

Toutefois, vous ne me contredirez pas si je vous dis que de s’occuper des violences faites aux femmes ne suffit vraiment pas si l’on ne prend pas à bras le corps la question de l’égalité. Et à cette question il est nécessaire d’associer un travail de fourmi, permanent, de sensibilisation pour faire voler en éclats les idées reçues. Sinon nous ne ferions qu’accompagner les unes et sanctionner les autres.

C’est bien en amont de ces situations inacceptables, condamnables, qu’il nous faut intervenir, dès le plus jeune âge, pour que se déconstruisent les stéréotypes, que s’apprennent les rapports respectueux entre les filles et les garçons !

C’est, je le crois profondément, en combattant les inégalités, en établissant une toute autre image des femmes dans la sphère publique, par l’éducation bien sûr, mais pas seulement, que nous pourrons éliminer durablement les violences.

D’ailleurs nous y participons à notre niveau avec les projets pour les collégiennes et les collégiens et en finançant des associations pour des actions de sensibilisation sur la question.

Il faut bien être conscient que tant que les mentalités n’évolueront pas, tant que l’égalité ne sera pas une réalité concrète, les femmes continueront de subir la domination, la distribution inégalitaire du pouvoir et des places dans la société. Les violences en sont l’expression.

Dans ce rapport, vous énumérez tout ce qui a découlé de la création de la Délégation aux Droits des Femmes en 1998, département précurseur en la matière, puis de la mise en place en 2005 de l’Observatoire des Droits des Femmes et de l’Egalité des Chances avec son diagnostic, son plan d’action.

Vous soulignez Madame la Déléguée, tout l’apport positif du bilan de la délégation avec son outil essentiel qu’était l’Observatoire des Droits des Femmes et de son comité d’experts pour l’avancée de la question de l’égalité au sein de la collectivité et en direction de la population.

Je rappelle que celui-ci réunissait dans la réflexion et dans l’action les agents de la collectivité, avec une chargée de mission dédiée accompagnée de collègues sous la direction de la DGAS, avec une Présidente, deux élu(e)s vice-présidentes et des femmes et hommes, membres du comité d’experts qui enrichissaient, justement, nos réflexions pour mieux agir.

Ces personnes au nombre de 19, issues de la société civile, étaient : cadre d’Orange, conservatrice du patrimoine à la retraite, principal de collège, chirurgienne, entrepreneuse, médecin gynécologue, proviseure, assistante sociale, responsable droit des femmes à la fédération BTP13, Directeur général adjoint d’une collectivité, médecin spécialisé en pédiatrie, pharmacienne, professeur d’université, professeure d’histoire, journaliste indépendante, philosophe, avocate, conseillère d’animation sportive, Directrice de recherche au CNRS, et une cadre…..et avaient un regard indépendant, de plain-pied dans la vie, ce qui permettait de franchir toutes les barrières, les contraintes que nous, élu-e-s et agents de la collectivité, pouvions avoir. Un grand merci à toutes ces personnes, directeurs, directrices, agents, bénévoles et élu-e-s.

Permettez-moi un petit rappel de ce travail en plus de ce vous décrivez dans le rapport :

Grâce à ces échanges une enquête menée par le CREDOC, qui portait sur l’emploi au féminin dans les Bouches du Rhône, nous a conduits à organiser un colloque sur ce sujet oh combien essentiel pour l’autonomie des femmes.

Des propositions d’actions ont été émises dont une liée à notre compétence Insertion Sociale : je veux parler de l’expérimentation  » 100 femmes, 100 métiers ». Cette action avait deux objectifs, l’insertion des femmes bénéficiaires du RMI -le RSA aujourd’hui- et la mixité dans les métiers. Un bilan très positif. Je souhaiterais qu’il puisse être ajouté au rapport.

En décidant de supprimer l’observatoire, c’est de toute cette richesse que vous privez la politique départementale en faveur de l’égalité. Et ce ne sera pas sans conséquences pour les femmes et pour les associations qui œuvrent pour leurs droits.

Vous nous demandez de nous séparer de personnes compétentes en supprimant le comité d’experts, et de transformer un des outils de mise en œuvre d’une politique volontariste des droits des femmes en un conseil d’orientation pour les luttes contre les discriminations qui sera lui-même intégré dans le Conseil de Provence ! Vous avouerez que pour cacher notre action en faveur des droits des femmes, on ne fait pas mieux !

Cela vient renforcer la logique de minoration et d’invisibilité de cette question essentielle pour la démocratie, pour l’émancipation de toute la société.

J’ai eu l’occasion de dire tout cela à Madame la Déléguée en réponse à son courrier de remerciement pour le travail entrepris lors des dernières mandatures. Tout comme je lui ai dit que je reste mobilisée sur cette question et qu’elle peut compter sur moi.

Permettez-moi de poursuivre, je regrette que la proposition qui nous est faite noie l’ensemble des discriminations liées au genre avec les discriminations liées au handicap, à l’origine, l’âge, l’orientation sexuelle, l’accès aux soins, l’emploi, la précarité.

Les femmes ne sont pas une minorité. Une femme peut cumuler une ou plusieurs de ces discriminations. Tout le monde, subit tous les effets néfastes d’une politique qui va à l’encontre du progrès social, et les femmes en sont les premières et plus nombreuses victimes parce qu’elles sont femmes. C’est en traitant cette question spécifiquement que nous contribuerons à réduire l’écart persistant, qui n’émeut plus grand monde si l’on en croit tout ce qui se dit, ironiquement ou sérieusement, de ci de là au sujet des femmes et de leur combat.

Nous sommes la moitié de l’humanité et à ce titre nous réclamons les mêmes droits. Oui ! Et quoiqu’en disent certains et certaines, et malgré les avancées en la matière, ce n’est toujours pas le cas aujourd’hui en 2017, au 21ème siècle, malgré l’arsenal de lois et mesures, les discours, les déclarations d’intention. C’est une véritable entorse permanente à la devise de notre république ! Liberté- Egalité- Fraternité.

Que ce soit en politique, dans les instances de direction, les Conseils d’Administration des entreprises, dans la culture, dans les médias, dans l’emploi, à propos du déroulement de carrière, du plafond de verre, de l’écart de salaire, de la retraite et j’en passe.

Un seul exemple qui à force de le donner, si l’on n’y prend garde, deviendrait totalement banal : celui de l’écart, je dirai même du grand écart de salaire entre les hommes et les femmes dans le secteur privé, sauf dans la coopérative« 1336 » la SCOP-TI où les salarié-e-s eux-mêmes ont défini les règles en privilégiant l’égalité salariale pour un même travail. Donc c’est possible. C’est un choix !

En 2017, les femmes ont toujours un salaire inférieur de 24% à celui des hommes. Au niveau de compétences égales et dans une même catégorie socioprofessionnelle, d’âge et d’expérience, l’écart de rémunération s’élève encore à 10 %.

Dans la fonction publique ce n’est pas le cas grâce au statut des fonctionnaires, souvent attaqué et qu’il faut défendre. Et je ne vous parlerai pas, pour ne pas être trop longue, du temps partiel imposé, subi, qui est devenu la règle dans les secteurs d’activité occupés majoritairement par les femmes : la grande distribution, les entreprises de propreté, les aides à la personne.

C’est pour toutes ces raisons, que pour nous, élu-e-s communistes mais pas seulement, pour le mouvement féministe, le monde associatif, les citoyens et citoyennes épris d’égalité, nous pensons et militons pour cela : il faut traiter cette question des droits des femmes, de l’égalité entre les hommes et les femmes de manière spécifique, avec les moyens nécessaires, financiers et humains, autour d’une délégation à part entière, pour rendre visible cette action d’alerte, d’impulsion et d’actes forts dans la transversale visant à mettre au cœur de nos politiques publiques l’égalité entre les hommes et les femmes.
Seul le prononcé fait foi

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