Séance Publique du 2 avril 2015
Intervention de Monsieur Claude JORDA
Président du Groupe PC et partenaires
Mesdames, Messieurs,
Chers (es) Collègues,
Nous voici réunis pour cette première réunion du nouveau Conseil Départemental.
Avant tout, les résultats du scrutin qui vient de se dérouler et en particulier le niveau de participation posent vraiment question.
Le désamour de nos concitoyens en direction des institutions et des élus atteint aujourd’hui des limites qui nous inquiètent.
L’abstention majoritaire, n’exprime pas tant leur désintérêt envers la chose publique, que la défiance et une colère sourde vis-à-vis des « politiques ».
Des milliers de femmes et d’hommes confrontés à des situations de vie dégradée et précarisée, à l’absence d’espoir d’un avenir sûr et serein pour eux et pour leurs enfants n’ont plus confiance en leurs élus. Et je les comprends ! Comment cela peut-il en être autrement quand « les promesses » de campagne ne sont pas tenues d’une élection à l’autre.
Nous nous retrouvons donc dans ce Conseil Départemental entièrement recomposé à plus d’un titre d’ailleurs :
Politiquement d’abord,
La droite l’emporte largement, dans le pays et dans notre département, moins par adhésion que par absence de perspective. En même temps, les idées de l’extrême droite progressent et s’installent dans notre pays.
C’est un sujet d’inquiétude pour la démocratie, un sujet grave pour tous les démocrates et un danger pour les valeurs de la République.
La gauche, elle, enregistre des reculs et des pertes sévères, voire historiques dans certaines régions.
Les choix politiques mis en œuvre depuis des décennies, conduisent notre pays dans l’impasse : chômage, précarité, remise en cause du droit d’accès au logement, à la santé, dégradation du cadre de vie, tel est le prix que paient le plus grand nombre.
Face à cette situation la droite a été sanctionnée en 2012. Avec le changement de majorité l’espoir renaissait, mais le peuple de France s’est senti floué par des choix gouvernementaux qui s’inscrivaient dans la continuité des politiques précédentes.
Ces choix ont été désavoués lors de ce scrutin.
Les électeurs ont confirmé leur attente d’être entendus, et de voir leur vote respecté.
Ils attendent des solutions concrètes pour garantir et améliorer leur vie quotidienne et pour le redressement du pays. C’est un débat qui en premier lieu interpelle le président de la République et son gouvernement.
Notre assemblée subit ensuite une profonde modification institutionnelle à la veille de la mise en place de la Réforme des collectivités.
Une réforme dangereuse pour l’avenir de nos territoires en termes de développement, d’égalité et de justice sociale.
Les électrices et les électeurs ont d’ailleurs dû se prononcer lors de ces élections départementales alors que le débat sur la réforme territoriale n’est pas clos et qu’on ne leur demandera pas leur avis. Ce qui est inimaginable dans un régime démocratique.
La Réforme a instituée les binômes, c’est certes une avancée pour l’égalité entre les femmes et les hommes, mais il reste des droits à conquérir dans ce domaine.
Et vous connaissez notre engagement sur cette question avec le travail déterminé de ma collègue et amie Evelyne Santoru-Joly.
Nous comptons bien veiller à continuer ce combat pour l’égalité et que cette question soit au cœur de toutes les politiques publiques de notre collectivité.
Permettez-moi en ce moment de mon intervention de souhaiter la bienvenue à toutes les nouvelles élues.
Nous attendons la finalisation de cette Réforme pour connaître les compétences qui nous seront attribuées.
Mais la Métropole doit parait-il régler tous nos problèmes !
Cette réforme constitue une régression démocratique majeure. Dans un monde en mal de partage, de solidarité, l’éloignement des lieux de décisions du citoyens est un nouveau coup porté à l’exercice de la citoyenneté.
Avec comme seule volonté de diminuer les dotations, l’Etat remet en cause la décentralisation et l’équité sur l’ensemble des territoires.
Pire, nous ne serons plus en mesure demain d’assurer les politiques publiques déléguées par l’Etat.
Au final ce sera moins de solidarité, moins d’investissement, moins de service public, et nous ne l’acceptons pas !
Nous connaissons de graves difficultés pour répondre aux besoins des populations.
Quand l’heure serait à renforcer et étendre les services publics locaux, il est demandé aux collectivités, et donc à la nôtre, de réduire encore ses dépenses.
Ce double phénomène de paupérisation de la population et de transfert de compétences non financé aggrave la situation déjà critique de notre département.
Juste quelques chiffres que chacun doit avoir en tête : 39% des enfants de notre département vivent dans un foyer pauvre, c’est-à-dire dans un foyer où on se prive sur l’essentiel.
Il y avait dans notre département fin octobre 2014 185 000 demandeurs d’emplois et 99 000 allocataires du RSA selon les chiffres de la fondation abbé Pierre.
Pour ces populations le rôle du conseil général hier départemental aujourd’hui est vital.
C’est pour tous les habitants des Bouches du Rhône que nous n’acceptons pas – au nom de la dette publique et des plans d’austérité successifs exigés par Bruxelles et tout aussi inefficaces les uns que les autres -, de pénaliser les plus pauvres alors que le service public n’est pas en capacité de répondre aux besoins de la population.
Nous avons besoin d’un Etat qui joue son rôle : il doit assumer et impulser des politiques publiques nationales en faveur du développement, de l’égalité territoriale, de la cohésion sociale et de la continuité territoriale, de la protection de l’environnement.
Après les élections départementales, les Français attendent des changements politiques immédiats pour résoudre leurs urgences sociales et celles du pays.
Et cela nous engage à agir. Pour notre part nous serons de toutes les initiatives pour la défense des services publics et des choix politiques de solidarité.
Durant la campagne électorale, nous avons beaucoup entendu parler, de façon très populiste et démagogique, de la « fraude sociale ».
Alors certainement le RSA qui est visé… Parlons-en en s’appuyant sur les données de la Délégation Nationale de la Lutte contre la Fraude : La fraude au RSA représente 0,18 % des allocataires…
C’est ça la priorité? Bien sûr que personne ne doit donner de coup de canif dans le contrat social mais montrer du doigt des citoyens au RSA victimes des politiques gouvernementales, c’est indécent ; certains doivent penser que les bénéficiaires du RSA sont une catégorie de population à part, sortie d’on ne sait où, des fainéants peut-être ? Ils rejoignent les thèses du Front National.
Une personne au RSA est une personne qui, arrivée en fin de droit des allocations chômage n’a plus de ressources et perçoit ce minimum pour essayer de vivre.
C’est ça la solidarité nationale !
La fraude sociale ce n’est pas ça ! La fraude sociale c’est la fraude aux cotisations des employeurs – le travail illégal – qui représente entre 15 et 19 milliards d’euros.
Et je ne parle pas de la fraude fiscale qui représente, elle, 60 à 80 milliards d’euros.
En ce qui nous concerne, nous serons très attentifs au rôle que tiendra notre assemblée, en particulier sur une des compétences majeures du département : la solidarité.
Je voudrais dire que nous comprenons l’inquiétude des agents qui ont prévu de se rassembler ce jour, suite au décès d’un de leurs collègues.
Cela nous engage à travailler car face à la détresse sociale la violence monte, y compris contre ceux qui agissent pour la combattre.
Notre institution se doit de prendre les mesures pour assurer la sécurité de ses agents mais en leur donnant aussi les moyens nécessaires à l’accomplissement de leurs missions.
Car, la situation sociale des plus démunis exige des moyens !
C’est pourquoi nous ne pensons pas que les finances publiques doivent financer des brigades de contrôles des « bénéficiaires » du RSA ! Non les moyens doivent aller vers plus d’accompagnement, plus de travailleurs sociaux.
D’autre part nous estimons que les minima sociaux doivent tous être relevés au niveau du seuil de pauvreté car il n’est pas acceptable que nous puissions maintenir des populations dans la pauvreté ;
Il en est de même pour les prestations : le gouvernement doit absolument rehausser le niveau de PCH qui ne permet pas de répondre aux besoins des personnes en situation de handicap.
De la même manière, l’A.P.A. doit être relevé, au moins de 5 % car les associations d’aide à la personne, issues de l’économie sociale et solidaire, sont au bord du gouffre.
Elles accusent un déficit moyen de 1 euro par heure d’intervention dans le cadre de l’APA auprès de nos aînés.
Cet effort solidaire, il faut le faire, c’est une nécessité !
Les élu-es de notre groupe ont porté tout au long de la campagne la nécessité d’un service national décentralisé d’aide à la personne.
Nous continuerons à œuvrer dans notre collectivité pour que cette question soit retenue au plus haut niveau.
Comme toujours nous n’aurons au cours de ce mandat qu’un objectif : agir pour le mieux vivre des habitantes et des habitants de notre département.
Nous ne nous déterminerons, non pas à partir de postures, mais sur la réalité des politiques proposées.
Politiques qui ont d’ailleurs étaient souvent absentes de la campagne, les uns faisant campagne contre un homme, d’autres pour la promotion d’une candidate aux présidentielles, d’autres enfin se contentant du brouillard comme perspective.
Nous, nous avons fait des propositions concrètes pour l’avenir de notre département. Nous les mettons dans le débat avec le souci d’être utiles.
Nous serons vigilants et associerons la population le plus largement possible aux décisions qui seront soumises à notre assemblée.
Vous connaissez mon attachement au conseil de canton et à la démocratie, à l’intervention citoyenne avec mes amis de notre groupe nous veillerons à ce que chaque citoyen puisse intervenir en toute transparence dans les choix qui les concernent.
Nous n’avons aucune illusion sur ceux qui font de la haine de l’autre et de la division l’alpha et l’oméga de leur programme.
Nous serons leur adversaire résolu et dénoncerons toute complaisance éventuelle à leur endroit.
C’est une question démocratique majeure, c’est du respect des valeurs de notre République dont il s’agit, valeurs que l’essentiel d’entre nous sur les différents bancs de cette assemblée partage.
Vous le voyez, nous n’avons qu’une seule ambition : faire de notre collectivité un outil utile à nos populations.