DM1-Séance Publique au Conseil Départemental 30 juin 2017 – Intervention d’Evelyne Santoru-Joly

Madame la Présidente,

Mes chers collègues,

 

Les rapports 7 à 11 concernent essentiellement la question du personnel : la création et transformation de postes, le taux de promotion, l’expérimentation du dispositif télétravail, ….

C’est pourquoi j’interviendrai sur la totalité de ces questions afin de ne pas allonger le débat.

Avant toute chose permettez-moi une remarque : depuis quelques temps les échos qui nous parviennent concernant les agents sont inquiétants. Il y a de la colère, du découragement, et le sentiment de ne pas être écouté et que les moyens pour mener à bien les missions de notre collectivité manquent.

Notre Département, ses services aux publics ne sont rien sans les agents. D’ailleurs le rapport d’activité des services du Département – rapport 12-  montre l’engagement et les réalisations qu’ils portent au quotidien.

Les derniers mouvements sociaux, que cela soit de la part des travailleurs sociaux ou les remarques concernant la situation des cadres doivent nous alerter. Nous ne pouvons pas d’un côté  interroger les personnels sur les risques psychosociaux et de l’autre faire grandir le sentiment de mal être et quelquefois de souffrance au travail.

Nous savons que si les agents des services publics, sont de plus en plus précarisés et de moins en moins nombreux au contact direct des usagers, cela conduit au développement de phénomènes de stress, de burn-out et augmente les risques psychosociaux.

Leur seul dévouement ne saurait compenser le manque de moyens.

Si nous voulons que notre collectivité soit à la hauteur des enjeux, et réponde aux besoins,  les réponses doivent être construites à la fois avec les citoyens et les personnels.

J’en viens maintenant au rapport 9, concernant le télétravail. Nous avons bien noté qu’il s’agit d’une expérimentation  en direction des personnels volontaires et reconnu travailleurs handicapés.

Mais nous tenions à vous indiquer que nous serons vigilant-e-s à la non généralisation de ce dispositif au-delà des personnes répondant aux critères énoncées dans le rapport.

En effet,  nous estimons que sous couvert de rendre meilleures les conditions de travail de certain-e-s agent-e-s, nous pourrions être tentés d’aller plus loin dans ce domaine. Et cela ne serait pas une bonne chose !

Nous nous demandons :

Que deviendraient  la transversalité, la coopération nécessaire à plus d’efficacité pour la concrétisation des orientations de la collectivité ?

Qu’en serait-il des liens qui se créent dans l’établissement entre les agents ?

Nous savons que l’idée pourrait être séduisante, en particulier pour les femmes. Elles pourraient avoir le sentiment de mieux concilier comme il est dit dans le rapport, vie professionnelle et vie familiale.

Mais ce serait reporter aux calendes grecques les véritables solutions à cette question comme celle de l’égalité hommes-femmes oh combien importante comme par exemple : la diminution du temps de travail entre autre.

Je crois, nous croyons au contraire que cela ne serait pas sans conséquences sur la santé des agents.

En effet, la tendance serait qu’il n’y aurait plus de coupure entre ces deux vies. Vous avez entendu parler, comme moi, de la surcharge mentale qui pèse déjà sur les femmes et qui pèserait encore davantage si nous généralisions ce dispositif.

Car malgré les avantages qu’il offre à première vue, le télétravail peut nuire à la santé.  Selon un rapport de l’ONU en collaboration avec l’O.I.T (office international du travail) il peut conduire à l’allongement de la durée du travail, créer un chevauchement entre travail salarié et vie privée en ayant la sensation de ne jamais décrocher et donc entraîner une intensification du travail, du stress etc….

Je sais que ce n’est pas ce qui est proposé dans le rapport mais je tenais avec les élu-es de mon groupe à rappeler pourquoi nous serons vigilants.

Pour finir, je vous rappelle un article de la déclaration des droits de l’homme faisant état de la notion de vie privée : «  Chacun et chacune a droit au respect de sa vie privée » et cette vie privée est très vaste. Elle concerne la famille bien sûr mais pas seulement. Il y a les ami-e-s, les relations de voisinage et pourquoi pas une vie citoyenne etc….

Nous savons que la question du personnel de notre collectivité est liée au statut de la fonction publique et qu’il est nécessaire de le moderniser mais cela ne peut se faire sans eux et sans les usagers.  Pour que les services publics soient un outil d’égalité, d’aménagement équilibré du territoire, de responsabilité dans le respect des contraintes écologiques, de continuité dans le service rendu et de bonne adaptation à l’évolution des besoins, ils doivent procéder de l’expression d’une volonté commune, démocratiquement construite.

Je vous remercie.

DM1 2017-INT E.SANTORU

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