Conseil de Canton de mi-mandat à Martigues le 22 mai 2018-Intervention de Gérard FRAU

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Mesdames, Messieurs

Mes chers amis,

Les élections départementales ont eu lieu le 29 mars 2015.

Cela fait donc trois ans –un peu plus – que vous m’avez élu pour vous représenter au Conseil départemental avec Evelyne SANTORU-JOLY.

Je vous rappelle que nous sommes élus en binôme, sur le canton de Martigues qui comprend Martigues et Port de Bouc.

Dans les faits, naturellement, Evelyne suit plus les dossiers de Port de Bouc et moi-même de Martigues.

Nous avons à nos côtés Manon DINI et Florian SALAZAR-MARTIN, qui sont nos suppléants mais participent à des moments forts de notre action.

Lors de la campagne électorale, nous mettions en avant l’action du Conseil Général, devenu Départemental car nous rencontrions un paradoxe qui fait que Conseil départemental intervient chaque jour en direction de tous les habitants mais que peu connaissent son action et ses compétences.

La loi NOTRe, qui a été votée après que nous ayons été élus, a quelque peu redéfini les compétences du département dans une période de réforme territoriale tant contestée dans les Bouches du Rhône avec la création de la Métropole.

Si les départements ont perdu la compétence économique attribuée de façon pleine aux régions et à la Métropole et la compétence des transports interurbains – « les bus bleus » pour Aix, Vitrolles ou Marseille sont désormais métropolitains, pour l’essentiel, ils ont conservé leurs compétences :

  • Le département est chef de file de l’action sociale, de l’insertion et de la solidarité, de l’enfance et la petite enfance, des personnes âgées, du handicap… Donc du RSA, de l’insertion de ses bénéficiaires, des MDS, de l’enfance et des PMI, des MDPH et de son antenne de Martigues obtenue grâce à Gaby CHARROUX, de l’APA, des EHPAD, de la PCH, du transport scolaire des enfants en situation de handicap…

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  • La politique de la ville fait également partie des compétences liées du CD13
  • Mais également des collèges, j’y reviendrai,
  • Du logement avec 13 Habitat mais au-delà, la politique départementale du logement.
  • Des centres de secours du SDIS, les pompiers,
  • De l’entretien des forêts avec les sapeurs forestiers,
  • De l’entretien des routes départementales,
  • Puis, dans le cadre de compétences partagées ou volontaristes, des subventions aux associations, structures culturelles et clubs sportifs, du soutien à des manifestations culturelles, économiques, sociales, sportives ou de tourisme.
  • Des ports comme le port de Carro,

et d’autres compétences.

Vous le voyez, l’action du département est à la fois majeure et toutes ces compétences et champs d’action que je viens de citer forment le service public départemental.

Alors, qu’avons-nous fait depuis trois ans ?

Beaucoup de choses qui sont soit en lien direct avec notre territoire soit qui relèvent de l’action politique départementale.

Pour notre ville de Martigues, il s’agit de choses très concrètes, chiffrées, sur lesquelles je reviendrai dans un instant.

Mais sur l’action du Conseil départemental, il y a des choses à dire.

Il ne s’agit pas ici, ce soir, de faire un contre-bilan à celui que la Présidente Martine VASSAL présente dans son road show au travers de réunions où les citoyens n’ont pas droit à la parole.

Non, dans notre action d’élus, nous essayons, à chaque fois que cela est possible, d’être constructifs.

Par nos interventions,

Par nos propositions,

Et au travers de nos votes.

Et quand c’est positif, nous émettons un vote favorable.

Mais ce que je pense profondément de l’action de la majorité départementale, c’est qu’elle est décalée par rapport aux priorités de notre institution.

Je l’ai dit à l’instant, la compétence majeure du département, celle pour laquelle la loi le nomme chef de file, celle qui doit être exercée en priorité, c’est l’action sociale, la solidarité et l’insertion.

Et, en ce domaine, le compte n’y est pas !

D’ailleurs, et c’est particulièrement révélateur, le bilan de la droite départementale a été édité au travers d’un numéro spécial d’Accents. Pour arriver à une partie du bilan qui parle de l’insertion, tenez-vous bien, il faut arriver à la page 70 !

Les 69 autres pages, hormis quelques mots dans l’interview de la Présidente, ne traitent pas de ce qui est LA priorité du département.

C’est particulièrement révélateur !

Le seul acte majeur que la majorité ait fait depuis trois ans, c’est de supprimer la prime de Noël donnée aux bénéficiaires du RSA et qui existait depuis plus de 20 ans.

Au-delà de ça : La situation dans les Maisons de la Solidarité est explosive, les PMI se sont vu réduire leurs moyens, l’allocation Personnalisée d’Autonomie, pour aider les personnes âgées est toujours en dessous de 20 euros ce qui classe les Bouches du Rhône, département riche, dans les tout derniers en France ; l’accueil des mineurs isolés étrangers n’est pas assuré et des dizaines d’enfants dorment dans les rue de Marseille chaque nuit…

D’ailleurs, le Conseil Départemental a été doublement condamné par la justice en matière d’enfance.

Je ne crois pas que ces éléments de bilan fassent partie du road Show de la Présidente…

De la même manière, nombre de subventions aux associations ont baissé et les dotations aux collèges ont été rabotées suivant une mécanique de dégrèvement au regard du niveau des réserves de chacun.

Pour justifier ces mauvais coups, on nous répond que le Conseil Départemental s’est vu amputé de 35 millions d’euros chaque année de dotations de l’Etat.

Et c’est vrai ! Au point que nous avons proposé à la majorité départementale des actions communes pour récupérer ce manque à gagner tout comme l’argent perdu par la collectivité sur le mauvais remboursement par l’Etat des prestations (RSA, APA, PCH…)

Néanmoins, il faut être réaliste : 35 millions d’euros sur un budget de 2 milliards 600 millions d’euros représentent 1,3 % du budget !

La réalité, c’est que le conseil départemental agite le portefeuille en direction de Marseille principalement. Pour sauver la peau de Jean-Claude GAUDIN peut-être, ou s’assurer un avenir électif à la Métropole ou ailleurs.

D’ailleurs, quand Martine VASSAL s’exprime dans la presse sur son bilan, on se demande si c’est la Présidente du Département, la 1ère Vice-Présidente de la Métropole ou l’élue de Marseille qui parle…

La vérité, c’est que l’insertion et la solidarité ne sont vraiment pas la priorité du CD13 !

Moi, je veux bien la communication sur les trois ans d’actions et de promesses tenues,

Lesquelles ?

L’emploi ? Le département des Bouches du Rhône, malgré les beaux discours électoraux de 2015, malgré la Métropole qui devait tout régler, a un taux de chômage qui reste de 3% supérieur à la moyenne nationale…

Autre promesse de 2015 : La dette qui devait baisser : elle était de 340 millions d’euros lorsque la droite est arrivée, elle sera de 1 milliards 200 millions d’euros en 2020 !

Alors, mettre 300 millions d’euros dans les déplacements alors que nous n’en avons plus la compétence où 100 millions d’euros dans le centre-ville de Marseille quand la ville de Marseille et l’Etat n’y font rien… On peut se poser la question de la finalité.

Surtout quand le compte n’y est pas au niveau des compétences majeures.

L’engagement d’ailleurs en matière de transparence, qui était le maître-mot de la campagne électorale de 2015, ne s’est pas concrétisé lui non plus. Nous avions demandé une commission de transparence sur l’aide aux communes, elle n’a jamais vu le jour.

La délégation de mon ami Claude JORDA sur la démocratie et le service public a disparu.

Nous avions demandé la généralisation des conseils de canton… Pas vu.

Alors on nous a abreuvés de comm. en début de mandat avec les états généraux de Provence !

La réalité, c’est que les Etats généraux ont abouti à des propositions qui sont pile-poil le programme de la droite départementale… Quel hasard !

Et ces grands états généraux, qui ont duré trois mois, ont rassemblé 8 000 personnes et contributions.

Dans un département qui compte 2 millions d’habitants, cela représente 0,4 % de la population.

C’est comme si Gaby Charroux avait fait de grands états généraux à Martigues en rassemblant 192 personnes… Sans commentaires !

Et sur le contenu, ici dans les Bouches du Rhône, il a fallu leur rappeler en 2015 qu’il y avait encore un fort tissu industriel et un Etang de Berre…

Car la communication occupe une place essentielle… et, en ce sens, peu de choses ont changé avec le changement de présidence !

L’exemple flagrant est que vous n’habitez plus dans les Bouches du Rhône mais en Provence !

Etats généraux de Provence, un bilan au service des provençaux, forum de l’emploi de Provence…

Ils n’ont plus que ce mot à la bouche… Le département des Bouches du Rhône a annexé la Provence…

Derrière cela se cache une stratégie de marketing territorial, vendre le territoire comme un produit…

Ce n’est pas la première de mes préoccupations, qui restent la proximité, le service public, le quotidien des habitants.

Même le plan Charlemagne, que nous avons voté, relève d’une stratégie de communication : Tu prends l’ensemble des actions qui existent dans les collèges, tu les mets en tas, tu ajoutes les collèges à construire ou à réhabiliter, tu cherches un nom porteur, ce « sacré Charlemagne », et tu as ton plan !

Nous l’avons voté, avec les réserves exprimées lors de mon intervention, car il faut être particulièrement irresponsable pour ne pas voter un plan qui prévoit la reconstruction ou la réhabilitation de 50 collèges. Bon, les trois quarts après 2021 dont on ne sait pas si le CD existera toujours…

Cela me permet de venir sur notre canton, sur Martigues :

La bataille pour le collège DAUMIER a été plutôt épique et surtout empreinte d’une mauvaise foi inégalée.

Nous avons appris par la presse que la réhabilitation, engagée, du collège DAUMIER était abandonnée.

Coût de l’opération 650 000 euros jetés par la fenêtre !

Puis, nous apprenons par la déléguée aux collèges, élue de Châteauneuf où, hasard, un collège neuf va être reconstruit en priorité, que Daumier allait être démoli !

Devant la mobilisation de tous, de la communauté éducative, du Conseiller Départemental et du maire de Martigues, ils ont fait marche arrière.

Alors qu’une étude du rectorat annonce 660 collégiens de plus d’ici 2021, on ferme un collège… Quelle ineptie.

Aujourd’hui la Présidente annonce qu’il ne fermera pas, qu’il n’en a jamais été question – elle n’avait pas dû en parler avec sa déléguée aux collèges – et qu’il sera réhabilité…

On peut s’en réjouir mais au-delà de ça, c’est de la compétence du CD de réhabiliter et d’entretenir les collèges. Ce n’est pas un cadeau !

Et pendant ce temps on nous annonce la création d’un collège privé à Saint-Mitre. Simple coïncidence certainement, comme le défend avec beaucoup de mal la droite locale.

On me demande ce que je pense du collège confessionnel privé.

Je ne répondrai pas sur les questions techniques, même si je trouve très révélateur de vouloir le construire dans une zone commerciale…

Ceci dit, je suis moi pour une école publique, laïque et gratuite. Donc tout en moi s’oppose clairement.

Ensuite on me dit : « Oui, mais si les parents le veulent, c’est leur problème ! ». «  Ce sont eux qui paient ! »

Ben NON, c’est aussi le mien et le vôtre car dans un collège privé, les enseignants sont payés par l’Etat, donc par vous, la dotation de fonctionnement est versée par le conseil départemental, donc par vous !

Et c’est de l’argent qu’on enlève au public pour financer du privé. Donc non, trois fois non !

J’ai même vu que le Front national défendait le collège privé et la soi-disant liberté de choix. Cela me fait un peu rire car si au lieu d’être un collège catholique il s’était agi d’un collège musulman, le FN le défendrait aussi ?

Je dis ça…

Le collège PAGNOL va être construit du côté de Lurçat pour une ouverture annoncée en 2020. Et c’est une bonne nouvelle tant ce dossier a été défendu par Marc Frisicano, Gaby Charroux, Isabelle Ehlé et moi-même ces vingt dernières années…

Le travail réalisé avec les associations, les clubs, la ville, dans les commissions, dans mes rencontres avec les élus et services a permis, malgré les baisses annoncées tout à l’heure, de maintenir un haut niveau de financement pour notre ville :

En trois ans, 2015 – 2016 – 2017, ce sont 13 millions 788 000 euros qui sont venus à Martigues.

Dont :

  • 3 millions et demi pour la vie associative, les contrats de ville ou les centres sociaux,
  • 2 millions 300 000 pour le sport
  • 570 000 euros pour la culture même si nous venons d’apprendre une baisse subite de 25 % de la subvention au Théâtre des Salins
  • 2 millions d’euros pour les collèges, hors projets de réhabilitation. La reconstruction de Pagnol représente, elle, 23 millions d’euros,
  • 300 000 euros pour l’enfance et le 3ème âge.
  • 3 millions et demi pour les travaux de proximité de la Ville de Martigues et pour les Contrats de Développement.

 

Concrètement, ce sont des dizaines de subventions aux associations, aux clubs sportifs, à la MJC, au Théâtre, l’organisation du salon des Jeunes ou la réparation du moteur cassé du navire de la SNCM…

Des participations à des travaux menés par la ville comme :

  • la construction de l’école maternelle de Jonquières, baptisée Maddy CHAUVE,
  • Le restaurant scolaire de Di Lorto à Notre Dame des Marins,
  • Le plateau d’évolution de Lavéra,
  • La rénovation de l’éclairage public de nombreux quartiers,
  • Ou encore la réfection des cours d’école de Tranchier à Mas de Pouane.

Tout ce travail démontre l’utilité quotidienne du Conseil départemental et son rôle majeur de service public.

Nous avons organisé des réunions de conseil de canton à Martigues et Port de Bouc car nous sommes attachés à la proximité et à faire les choses avec vous.

Malheureusement, la longue période électorale de 2017 ne nous a pas permis d’en organiser l’an dernier mais nous reprenons le cycle et vous pouvez aussi suggérer des thèmes que vous souhaitez aborder.

J’ai reçu, dans mes permanences, 320 personnes en 2017. C’est dire combien est grand le besoin.

Mais être élu, être conseiller départemental, c’est aussi être aux côtés de ceux qui sont en difficulté et qui luttent de façon organisée comme les amicales de locataires, les entreprises en lutte à Total, à Orange, à Carrefour ou ailleurs.

Pour les trois années à venir, c’est avec la même énergie et avec vous, je l’espère, que nous défendrons les dossiers.

Avec les projets des collèges dont nous avons parlé, le Port de Carro où nous avons obtenu les travaux attendus depuis des années, l’entrée Nord, qui me tient à cœur et dont les travaux sont en cours, la route des Bastides, la voie cyclable de Lavéra à Jonquières et tant d’autres projets en cours ou qu’il faudra faire aboutir…

La grande ombre au tableau porte sur l’avenir du Département.

Après la réforme territoriale imposant la métropole marseillaise qui fait la démonstration de ses incapacités, voilà qu’on nous annonce la fusion Métropole/Département.

Comment peut-on imaginer, aujourd’hui, en l’état des choses, que la métropole, impotente et asphyxiée financièrement, puisse assumer les compétences essentielles et majeures dont nous venons de parler ?

A la sortie, ce seraient encore les citoyens, les usagers du service public qui seraient pénalisés.

Il n’est pas question d’accepter un nouveau marché de dupes !

S’il faut réfléchir à nouveau à une réforme des collectivités alors mettons tout sur la table et surtout le bilan de la métropole, la paralysie créée en n’accordant pas l’autorité et les moyens aux Conseils de territoire.

Il faut redonner du sens à la coopération intercommunale. Et le meilleur gage que celui-ci soit le bon c’est d’aller dans le sens de la proximité, de la consultation des citoyens et du service public.

Pour cela, le couple Commune et Conseil de territoire/Département est le meilleur.

La métropole n’agissant que sur les grandes questions majeures pour le département à savoir :

  • Le développement économique,
  • La mobilité et les transports,
  • L’environnement,
  • La recherche et l’enseignement supérieur.

 

Des propositions existent, que Gaby Charroux a présentées récemment.

Il faut s’emparer de ce débat.

La semaine dernière, j’étais à Lyon avec Claude Jorda.

Le département et la métropole ont fusionné. Dans une situation différente de nous car sur ce territoire, Lyon est la ville riche entourée de communes souvent en difficulté comme Givors ou Vénissieux.

Mais l’effet concret, immédiat de cette fusion, c’est :

  • Disparition des subventions aux associations et clubs,
  • Disparitions des aides aux communes !

Et c’est normal, puisque tout ce qui guide l’action publique de l’Etat n’a pas comme moteur le bien-être et le service public mais l’économie, la baisse des moyens et l’éloignement des centres de décision…

Nous aurons l’occasion d’en reparler, ce soir si vous le voulez mais aussi dans les mois et les semaines à venir et certainement, une fois de plus, de nous mobiliser.

Voilà, ce que je tenais à vous dire en étant conscient d’avoir été un peu long,

Je vous remercie.

 

Seul le prononcé fait foi.

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