Séance Publique du 9 décembre 2022 : Intervention Audrey Garino
Madame la Présidente,
Mes cher.e.s Collègues,
Le budget des politiques publiques d’insertion pour l’année 2023 subit une baisse drastique, car, nous dit-on, « le contexte socio-économique est favorable avec une reprise économique » annoncée.
Cette prévision est pour le moins audacieuse, pour ne pas dire fantaisiste, et je serai curieuse de savoir quels indicateurs ou conseils guident vos choix budgétaires et vos orientations politiques…
Ceux qui vous permettent, dans un contexte de crise sociale généralisée qui touche prioritairement et de plein fouet les ménages les plus précaires, de raboter de plus de 33 millions d’euros les crédits dédiés à l’insertion professionnelle et aux allocataires du RSA.
La Cour des Comptes, que l’on ne peut raisonnablement soupçonner de tendances dépensières lorsqu’il s’agit d’évaluer les politiques publiques,
réaffirme pourtant que le RSA contribue très sensiblement à la réduction de la grande pauvreté en France. Elle précise également que les faiblesses du dispositif résident dans le phénomène de non-recours (30 % des allocataires potentiels en moyenne ne bénéficient pas du RSA) et dans l’insuffisance des politiques d’insertion pour les personnes les plus éloignées de l’emploi.
A contre-courant, donc, de toutes les analyses économiques et sociales sérieuses, en opposition avec les recommandations de la Cour des Comptes, mais surtout, en rupture totale avec les alertes des acteurs de la solidarité, vous décidez de réduire très sensiblement les moyens affectés aux politiques d’insertion dans notre département.
Cela signifie, très concrètement, qu’en 2023, vous amputerez les crédits dédiés aux emplois aidés d’1,4 million d’euros, ceux de l’aide à la mobilité de 355 000 euros et les dépenses relatives à la santé des allocataires de 155 000 euros.
Les crédits affectés au versement de l’allocation sont quant à eux réduits de 36 millions d’euros de BP à BP. Cela illustre, sans doute, votre constat ultra optimiste quant à la situation économique du pays à moins qu’il ne s’agisse d’une volonté manifeste de renforcer les mesures d’exclusion du dispositif.
Au final, vos choix budgétaires en matière d’insertion sociale et professionnelle témoignent d’une volonté affirmée de faire payer les conséquences de la crise par ceux qui en sont les premières victimes. Alors que nous attendions un plan ambitieux pour les allocataires du RSA afin de renforcer l’accès aux droits, le renforcement de la mobilité, la prévention et la prise en charge des problématiques de santé ou la mise en place de formations adaptées, vous décidez de réduire encore des mesures déjà notoirement insuffisantes.
Les allocataires du RSA seront donc moins aidés par le Conseil Départemental alors même qu’il est de votre responsabilité, si ce n’est de votre devoir, de mobiliser tous les moyens possibles pour limiter les effets dramatiques de la crise pour les ménages les plus vulnérables.
L’impact désastreux des choix budgétaires du Département dans le domaine de l’insertion ne sera pas sans conséquence non plus pour les professionnels des structures publiques ou associatives qui interviennent dans ce domaine. Les travailleurs sociaux, les référents administratifs, les personnels médico-sociaux affectés à l’accueil et à l’accompagnement des allocataires du RSA verront leurs conditions de travail encore se dégrader alors même que leur cadre d’intervention est déjà très difficile.
Pour l’ensemble de ces raisons, nous voterons contre cette délibération.
Je vous remercie,
Seul le prononcé fait foi