Madame la Présidente,
Chers (es) Collègues,
Les problématiques afférentes au vieillissement et à la dépendance des habitants de nos territoires sont un enjeu majeur qui bouscule l’ensemble de nos collectivités et nécessitent la coordination d’une très grande pluralité d’acteurs.
Je dis bien l’ensemble des collectivités et même si le Conseil départemental agit en compétence direct sur le sujet, pas un élu.e exerçant des responsabilités dans sa commune ne pourra contester que nos villes sont confrontées au quotidien aux problématiques de prise en charge mais aussi d’accompagnement social des personnes âgées ou en situation de handicap sur son territoire.
Fortes de cette expertise, les conditions de réalisation de ce schéma et sa lecture soulève un certain nombre d’interrogations.
En effet, si vous indiquez dans le chapitre introductif que « le présent schéma est le fruit d’une concertation avec les acteurs du département participant à la mise en œuvre des politiques en faveur des personnes du bel âge et des personnes en situation de handicap », cette affirmation apparaît pour le moins excessive en atteste, l’absence de concertation avec le CCAS de la première ville du territoire, pourtant acteur majeur et reconnu sur les questions d’accompagnement des publics âgés et/ou dépendant, ou l’interpellation forte de l’ensemble des organisations syndicales siégeant au sein de la CDCA.
Ces dernières et je les cite dénonçant publiquement :
« Une série de dysfonctionnements affectant la démocratie sociale sur les questions de l’autonomie, entravant ainsi la possibilité d’exprimer des points de vue sur les aspects essentiels de la prise en charge des personnes en perte d’autonomie ».
Reconnaissez qu’en terme de qualité de concertation le résultat est peu probant, sur un sujet aussi structurant de nos politiques publiques, nous ne pouvons que le déplorer.
Car ses échanges auraient pu permettre de mettre en lumière des éléments manquants dans votre diagnostic et confronter au réel les éléments de bilan théorique et les projections qui en découle.
Ces partenaires du quotidien auraient pu à titre d’exemple réclamer un bilan beaucoup plus précis des Maisons du Bel Age au regard des moyens déployés par la collectivité pour développer ces lieux d’accueil.
Ou s’interroger légitimement sur les moyens alloués aux MDPH dont les missions légales « d’accueil, d’information, d’accompagnement et de conseil des personnes handicapées et de leurs familles » sont aujourd’hui difficiles à mettre en œuvre malgré l’engagement sans faille de leurs équipes, générant des temps de traitement des dossiers longs et douloureux pour de nombreuses familles.
Nous aurions pu nuancer les constats théoriques de niveau de prise en charge en résidence autonomie ou en Ehpad vu comme suffisants dans notre département, alors que nous recevons chaque jour des familles en difficulté pour trouver une solution pour leurs proches, notamment lorsque ces derniers sont à l’aide sociale.
Ou débattre du renforcement de la lisibilité de l’offre ou des dispositifs par les différents acteurs tant nous recevons des demandes régulières notamment de prise en charge des publics âgés souffrants de troubles psychiatriques par exemple dans des établissements non adaptés faute d’alternative.
Nous aurions pu surtout vous alerter sur l’absence quasi systématique des indicateurs de ressources dans les diagnostics relatifs aux personnes âgées ou aux personnes en situation de handicap.
Nous savons pourtant à quel point la précarisation est un accélérateur de l’isolement et de la dépendance et que la crise sociale que nous traversons touche souvent brutalement un nombre croissant de personnes âgées ou de personnes en situation de handicap.
Nous savons que ces publics ont le plus fort de taux de non recours aux droits de la population ce qui devrait nous engager collectivement à renforcer nos moyens d’accompagnement social.
Ignorer ce sujet, c’est faire le choix d’occulter une large partie de la problématique auxquelles l’ensemble des acteurs sont confrontés.
Car si nous pouvons partager en théorie les grandes orientations contenues dans ce schéma, et si nous mesurons l’engagement de notre collectivité en terme de moyens, nous regrettons que nous ne nous donnions pas les moyens d’agir collectivement pour faire face à ces enjeux aujourd’hui et dans l’avenir.
Nous ne pouvons que le regretter et continuons à revendiquer une action publique forte et coordonnée pour mieux répondre aux besoins des publics et des professionnels.
Pour toutes ces raisons, nous nous abstiendrons sur ce rapport.
Je vous remercie,
Seul le prononcé fait foi