Sursaut National : Claude JORDA s’adresse à Martine VASSAL, Présidente du Conseil Départemental.

Madame la Présidente, Chère Collègue,
J’ai lu ce matin avec attention les comptes rendus de votre conférence de presse sur votre « plan départemental pour le sursaut national ».
Oui ! Madame la présidente nous avons besoin d’un sursaut national, un sursaut social, démocratique et solidaire !
Oui, vous avez raison la « réponse ne peut pas être que sécuritaire, il y a aussi la jeunesse, la culture, l’emploi » autant de domaines qui exigent une vraie volonté politique assortie de moyens.
Il faut investir pour la sécurité de nos concitoyens, mais pas au détriment des autres domaines de la vie sociale qui ressortent de nos compétences et sont les meilleurs outils pour développer le vivre ensemble.

Ainsi, les travailleurs sociaux de notre Département crient leurs inquiétudes face à la baisse de moyens pour leur permettre un accompagnement à la hauteur des besoins. Qu’attendons-nous pour les entendre, pour travailler avec eux et avec l’ensemble des partenaires concernés des programmes ambitieux à la hauteur des exigences ? Les éléments en ma possession m’incitent à penser que les réorganisations des MDS en cours ne vont pas dans ce sens et que les centres sociaux qui sont de vrais relais d’accompagnement des populations les plus fragiles sont menacés.
Vous annoncez des moyens supplémentaires à l’ADDAP, très bien ! Mais que décidez-vous concernant la politique de la ville ? Politique de la Ville qui a vu, dans certains secteurs des baisses notables en termes de subvention, alors que nous savons vous et moi combien cet outil est un moyen de travailler les liens sociaux au plus près des réalités des territoires.
Vous entendez mettre une « puce à chaque collégien », une manière dites-vous d’ouvrir les portes en toute sécurité. Mais ne pensez-vous pas que c’est plutôt de personnel accompagnant ,d’adultes référents, d’éducateurs dont nos collégiens ont besoin , à la fois pour rétablir le travail d’éducation civique abandonné depuis trop longtemps mais aussi pour établir les dialogues nécessaires.
Dans ce cadre l’Éducation Nationale doit jouer son rôle, en faisant partager le savoir, condition de recul de l’obscurantisme, en promouvant la laïcité et en formant des citoyen-nes via l’éducation civique. Encore faut-il pour cela qu’elle devienne la priorité à tous les échelons de la Nation.
Non Madame la Présidente, ce n’est pas en ajoutant de la peur à la peur que l’on fera reculer l’insécurité mais en donnant du sens au vivre ensemble, dans le respect de tous, en promouvant et en faisant vivre réellement la devise et les valeurs de notre République c’est pour cela que je suis convaincu que renforcer les services publics ,remettre l’État dans les quartiers, garantir l’égalité des chances, c’est renforcer la République.
Pour finir, j’ai du mal à comprendre votre proposition aux agents de notre collectivité : « les inviter à donner de leur temps pour éveiller leur sens du civisme ». Quand on regarde de près l’engagement bénévole dans notre département, nombreux sont les Bucco-Rhodaniens qui s’investissent pour les autres dans des associations très diverses. Je ne crois pas que les agents de notre collectivité soient en dehors de cela et il n’est pas obligatoire de s’engager auprès des forces de polices et de gendarmerie pour participer à une amélioration du vivre ensemble et en paix. A chacun son métier, donnons les moyens aux forces de l’ordre de travailler dans de bonnes conditions et dans le strict respect du droit, au plus près des populations et en lien avec elles. Cette proposition me paraît d’autant plus saugrenue que bien des militants des Droits de l’Homme, Syndicalistes ou membres d’associations de solidarité sont traités bien mal, y compris dans notre département, par les gouvernements successifs, fragilisant l’engagement citoyen. Alors il nous faut soutenir plus que jamais les associations, vecteur indispensable de l’éducation populaire.
En revanche je soutiens votre demande auprès de l’Etat pour des moyens supplémentaires, Jean-Marc Ayrault, alors Premier Ministre, avait pris des engagements pour Marseille et le département, où sont les moyens prévus, à quoi servent-ils, où les réaffecter ? Par ailleurs, nous devons continuer à exiger de l’Etat qu’il assume les dettes qu’il a vis-à-vis de notre collectivité en particulier en ce qui concerne les allocations RSA.
Comme toujours nous serons disponibles pour toutes démarches qui iront dans le sens de plus de solidarité, de partage, de justice sociale et de paix, parce que c’est aussi par-là que passe la sécurité de tous.
Veuillez croire Madame la Présidente à notre engagement au service des habitantes et des habitants des Bouches du Rhône et à notre attachement indéfectible aux valeurs de notre République, Liberté, Egalité, Fraternité.

Marseille, 25 novembre 2015

LettreC.JORDA-25.11.15

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