Intervention de Claude JORDA aux Vœux du groupe Communistes et Partenaires

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Mesdames, Messieurs,

Cher-e ami-e, Cher-e camarade,

Il est toujours difficile de commencer un discours de vœux, quels vont être ceux que j’ai envie de partager avec vous ? Il y en a tant.

Je pourrais  – parce que c’est une femme, et qu’en ce moment ils sont nombreux ceux qui voudraient revenir en arrière et bafouer leurs droits, donc les nôtres- je pourrais me servir de la parole de Louise Michel  pour débuter mes propos : « Ce n’est pas une miette de pain, c’est la moisson du monde entier qu’il faut à la race humaine, sans exploiteur et sans exploité. »

C’est bien de cela dont il s’agit pour 2018 ! Porter nos vœux à ce niveau : une moisson partagée pour le bonheur de tous !

Je viens d’évoquer  un des débats qui ébranle notre société et le monde ; celui des droits de la femme. La lutte contre les violences faites aux femmes est un combat qui est le nôtre, car il ne peut y avoir d’égalité entre les femmes et les hommes si on ne débarrasse pas la société de ce fléau.  Par la voix de mon amie Evelyne Santoru-Joly, nous avons indiqué à plusieurs reprises que le choix de la nouvelle majorité au Département de supprimer la délégation du droit des femmes était un grave recul.

Les élu-es de notre groupe, sommes convaincu-es qu’un travail resserré avec un ou une élu-e qui prenne en compte cette question, et uniquement cette question, permet d’aller dans le sens de plus d’égalité, de la mixité, de l’émancipation de toutes et de tous, à chaque prise de décisions, dans tous les domaines d’intervention publique de notre collectivité.

Et nous continuons de regretter qu’ait été mis  en place un Conseil d’orientation pour les luttes contre les discriminations en lieu et place de l’Observatoire des droits des femmes.

Pour nous chaque recul et  toutes les atteintes contre les droits des femmes sous-tendent une conception de la société où inégalités riment avec discriminations, restrictions des libertés, concurrence. Tout cela est bien loin de notre conception du monde.

« C’est la moisson du monde entier qu’il faut à la race humaine ».

Ce monde inquiétant, avec d’un côté les menaces de deux dirigeants   va-t’en guerre qui « jouent » avec le chantage nucléaire, et un troisième triste personnage qui se permet d’aller régler ses comptes avec le peuples kurdes.

Un monde soumis de plus en plus fréquemment aux catastrophes naturelles dues au réchauffement climatique. Un monde où la misère, la guerre, les dictatures jettent sur les routes des centaines de milliers de gens en quête d’un avenir moins sombre.

Un monde où le droit international est violé quand Donald TRUMP, le 06 décembre, considère de manière unilatérale et ce, contre les résolutions adoptées par l’ONU, que Jérusalem est la capitale d’Israël, éloignant ainsi la perspective d’une paix juste et durable entre israéliens et palestiniens. Cette décision a été dénoncée et condamnée par le Conseil de Sécurité de l’ONU et par les membres de la Ligue Arabe.

L’Union européenne comme le Vatican a réaffirmé son soutien aux résolutions de l’ONU et à la solution de deux Etats conforme à ces résolutions.

Emmanuel Macron a évoqué un « gel de la colonisation » mais a préféré renvoyer les protagonistes à un hypothétique tête-à-tête en appelant Benjamin Netanyahu à « des gestes courageux envers les Palestiniens » pour « sortir de l’impasse actuelle ».

La colonisation et l’occupation israéliennes redoublent de violences à l’égard du peuple palestinien, les habitants de Gaza, prisonniers d’un blocus illégal, sont bombardés quasi quotidiennement par l’armée israélienne : la paix, une paix juste, une paix durable, n’attend plus.

A ce moment de mon intervention, j’ai une pensée pour Salah Hammouri et Ahed Tamimi.

Un monde où de nouvelles frontières sont érigées comme en méditerranée où des enfants, des femmes, des hommes meurent par milliers, se heurtent à des murs, sont pourchassés,  comme si la planète n’était la propriété que de quelques-uns.

A ce sujet, dans notre Département, depuis plusieurs mois les travailleurs sociaux du Département et de la CAF s’inquiètent des conditions d’accueil des enfants : manque de places, de personnels, de formations. Ils revendiquent et nous avec eux les moyens pour pouvoir remplir pleinement leurs missions  auprès des familles.

Il est regrettable que les équipes aient été amenées à porter plainte pour maltraitance institutionnelle alors que notre collectivité devrait avoir comme objectif d’accompagner l’enfant, de respecter sa parole, sa protection et son émancipation

D’ailleurs, de notre côté nous sommes intervenus à plusieurs reprises pour que notre collectivité mette en œuvre un véritable plan  d’urgence pour répondre à la mission essentielle du Département : la solidarité !

La France est pointée du doigt par l’Union européenne pour être le mauvais élève quant à l’accueil des enfants mineurs étrangers. L’Etat  comme le Département doivent prendre leurs responsabilités ! Après Nicolas Koukas qui s’inquiétait du schéma départemental de l’action sociale, Gérard Frau il y a déjà plus d’un an dénonçait la situation de ces mineurs dans notre département et demandait de tout faire pour que : « Pas un enfant ne dorme dehors dans le froid, ils doivent tous pouvoir vivre dans la sécurité et la réponse à leurs besoins. »

Il poursuivait : « Nous ne pouvons accepter l’argument de la baisse des dotations de l’Etat pour justifier une quelconque remise en cause des droits des enfants ! »

Et la solidarité c’est le cœur du métier du Conseil Départemental. Cette compétence doit être plus que jamais notre priorité !

De par leurs politiques sociales et de solidarité, les Départements sont un atout majeur pour protéger, pour garantir l’égalité entre les gens et entre les territoires.

Les Maisons de la Solidarité – MDS- sur notre territoire jouent un rôle essentiel mais les moyens manquent et le personnel souffre.

En fin d’année dernière le rapport international sur les inégalités, élaboré par une centaine de chercheurs, indiquait que « les 1 % d’individus recevant les plus hauts revenus dans le monde ont profité deux fois plus de cette croissance que les 50 % d’individus les plus pauvres.

Le rapport de l’INSEE de novembre 2017, indiquait  que les Bouches du Rhône et les Alpes Maritimes présentent les plus fortes disparités dans la distribution des revenus. Dans notre Département, le niveau de vie des plus faibles est très bas.

A Marseille, le taux de pauvreté atteint 26%.

Autre sujet d’inquiétudes les premiers effets de la loi travail qui va faciliter les licenciements, priver les salarié.e.s des moyens pour se défendre dont ils disposaient encore. Dans nos cantons, les salariés qui résistent sont nombreux : Coca Cola aux Pennes Mirabeau, à la Centrale et Altéo à Gardanne, Carrefour et Trapil à Port de Bouc, Ascométal à Fos  …

La question cruciale du nécessaire avenir industriel respectueux de la planète se pose aujourd’hui de façon urgente.

Nous sommes résolument aux côté des travailleurs et de leurs syndicats pour dire avec eux que notre département, notre Région, la France ont besoin d’industries et que leur savoir-faire doit contribuer à un développement durable.

Nous sommes aussi très attentifs aux cris d’alarme poussés par les centres sociaux, les associations sportives et culturelles, les associations d’insertion et de solidarité quant à leur avenir face aux difficultés qu’elles rencontrent avec la suppression des emplois aidés, la baisse des financements publics…

Dans notre Département, l’économie sociale et solidaire représente près de 71 416  salariés soit 10% des salariés du département et 13.4% des salariés du privé. 1.8 Milliards de salaires bruts distribués et 76% de contrats à durée indéterminée.

Les associations par leurs actions sont des acteurs majeurs et participent au lien social. C’est la raison pour laquelle à chaque fois que cela est nécessaire nous intervenons pour appuyer leurs démarches.

C’est dans ce cadre qu’Aurore RAOUX a rencontré le sous-préfet avec les représentants des parents d’élèves afin d’évoquer les conséquences générées par cette décision et indiquer que ces suppressions peuvent avoir des conséquences graves sur l’accueil des enfants à l’école.

Autre problématique, l’AAPPI, cette association qui est touchée par la baisse des subventions alors qu’elle intervient quotidiennement pour accompagner les plus précaires dans le 3eme Arrondissement de Marseille. Suite aux diverses interventions, dont la nôtre,  une première table ronde se réunira bientôt.

Et parce que nous considérons que les services publics sont des atouts et que  l’intérêt général  c’est plus de santé, plus de sécurité, plus de protection de l’enfance, plus pour les séniors et les jeunes… en bref une société qui réponde à ces besoins avec les emplois nécessaires. Comme le souligne la déclaration de la Convergence des services publics : « Cela exige que la satisfaction des besoins essentiels soit reconnue comme un droit fondamental. Cela implique le choix d’une société solidaire, la maîtrise des biens communs et l’activité efficace de Services publics indispensables au développement économique, social et culturel. Face à la montée des inégalités, ils sont garants de l’exercice effectif des droits. ».

Les élu-es de notre groupe sommes mobilisé-es contre toutes les atteintes ou fermetures des services publics : comme à  Port de Bouc : Après l’annonce de la suppression de l’antenne de la CAF et celle de la fermeture du centre de Sécurité Sociale, s’est mis en place un collectif de défense des services publics qui a permis d’obtenir plus de permanences et montre ainsi l’utilité des Services Publics.

Aux Pennes Mirabeau et à Arles  contre la fermeture de bureau de poste.

A Ports Saint Louis pour la CPAM et le Bac de Barcarin.

A Martigues et Marseille pour la défense des Hôpitaux.

A Arles : pour un service ferroviaire de qualité. Bien d’autres attaques sont à venir, masquées par un discours en totale contradiction avec les actes.

Ainsi de la prétendue baisse des impôts qui ne concernera en fait que les plus riches, quand les retraité-es verront leur retraite amputée, les fonctionnaires imposer un jour de carence, les forfaits hospitaliers augmenter, et que la suppression de la taxe d’habitation pourrait contraindre de nombreuses villes à rendre payants des services jusqu’alors gratuits.

Les habitants de notre département subissent ces dégradations  alors que nous avons besoin de plus de services publics pour vivre en sécurité. C’est pourquoi nous pensons que le schéma départemental des services publics doit être élaboré dans la concertation avec tous les acteurs concernés.

Par ailleurs, nous ne savons pas encore ce que va devenir la proposition du Président de la République sur l’avenir du Département des Bouches du Rhône ?

La conférence des territoires a posé à nouveau le débat sur la fusion de la métropole et du département. Nous nous y opposons fermement !

Cette fusion ne constitue ni plus ni moins qu’une suppression des départements qui ne dit pas son nom et qui permet au gouvernement d’éviter une modification de la Constitution.

Dans notre département, après le passage en force vers la Métropole cette fusion, sans concertation, aurait des conséquences graves pour les populations.

D’autant que nul ne sait comment les compétences du Conseil départemental seront assumées dans le territoire d’Arles et des Alpilles qui est hors métropole et a eu la sagesse de créer une structure de coopération volontaire et répondant à l’intérêt de son territoire et des populations.

Si le Département est supprimé, seules ses compétences obligatoires seront transférées à une autre collectivité.

C’est le cas par exemple des aides sociales (RSA, APA, PCH…), qui sont une compétence obligatoire.

Par contre, les crèches départementales, les collèges et la distribution des tablettes aux collégiens ou encore les subventions aux associations et clubs sportifs et l’aide aux communes qui ne font pas partie des compétences obligatoires, disparaitront.

Car comment la métropole pourrait-elle assurer ces compétences essentielles alors qu’elle est aujourd’hui une super structure incapable d’assumer ses propres missions.

Alors que tout appelle à une nouvelle décentralisation, à un nouvel âge de la démocratie, le schéma qui se profile ressemblerait plus à une « recentralisation » à l’échelle métropolitaine. Et celle qui se voit à la tête de cette méga structure n’est autre que Martine VASSAL.

Cette fusion va accroître les inégalités entre territoires et donc faire apparaître un territoire encore plus fracturé.

Les départements constituent un échelon indispensable dans la vie quotidienne de chacune et de chacun.

Dans le dernier journal de nos cantons la page du groupe invitait la population à donner son avis sur cette question.

C’est nécessaire et utile pour l’avenir de tous et celui des communes qu’on veut réduire à leur plus simple expression. Nous allons poursuivre ce travail dans nos cantons afin de donner la parole et faire vivre la démocratie.

Pour faire vivre la démocratie, nous avons aussi décidé de sortir un journal de canton fin mars sur le bilan de mi-mandat, que nous proposons de mettre en débat partout dans le département.

Pour finir, permettez-moi de vous faire partager la dernière initiative 2017 dont nous sommes particulièrement fiers.

La formation que nous avons construite : handicap, citoyenneté quel parcours de vie partagé. La réussite de ce moment et la poursuite du travail est le résultat d’un travail collaboratif, sur le long terme. A ce moment je tiens à remercier tout particulièrement : Yves Pillant, Gérard Corbelli, Roland Bollard  et bien sûr Joël Dutto.

Le collectif d’échange et de concertation a travaillé avec toujours l’idée de regarder comment faire avancer la place, les droits des personnes en situation de handicap.

Et cela en ayant comme fil conducteur : la proximité, la vie au quotidien et les mesures qui peuvent les faire bouger, au niveau départemental bien sûr, mais aussi en faisant le lien avec les parlementaires et le niveau national.

Pierre Dharreville sera naturellement notre relais à l’Assemblée Nationale.

L’ADECR et le CIDEFE ont été des points d’appui.

Ce réseau d’échange et de construction montre qu’ensemble nous sommes plus efficaces et que chacun d’entre nous là où nous sommes de par nos responsabilités nous pouvons faire avancer la question des droits. En prenant de grandes et de petites décisions.

Choisir  de partager nos avancées, nos choix et difficultés est un atout.

En parlant de choix face à la forte progression des inégalités dans notre pays, nous faisons celui d’une plus juste répartition des richesses.

« L’histoire ne fait rien, c’est l’homme, réel et vivant, qui fait tout. » écrivait Karl Marx dont nous allons fêter de bicentenaire de la naissance cette année. Nous comptons bien tout faire et nous engager pour y participer ! Car  «  la vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent. » Albert Camus

L’intervention citoyenne devra être bien plus forte qu’elle ne l’a été au cours des mois précédents et des mobilisations sont de ce point de vue réjouissantes.

Ainsi en est-il de la prise de parole des femmes sur les violences et les agressions dont elles sont victimes. Et si certains (et hélas certaines aussi !) essaient de faire taire cette voix, elle a permis de mettre à jour les tares de notre société encore largement patriarcale et où le machisme  a encore la part belle. L’égalité femmes hommes est encore à conquérir, elle fera avancer avec elle toute la société.

J’ai évoqué au début de mon trop long discours, Louise MICHEL permettez- moi de la citer à nouveau : «  J’ignore où se livrera le combat entre le vieux monde et le nouveau, mais peu importe : j’y serai. Que ce soit à Rome, à Berlin, à Moscou, je n’en sais rien, j’irai et sans doute bien d’autres aussi. Et quelque part que ce soit, l’étincelle gagnera le monde ; les foules seront debout, prêtes à secouer les vermines de leurs crinières de lions. » Louise Michel nous lance un défi par ces paroles, avec les élu-es du groupe communistes et partenaires nous comptons bien travailler à y répondre !

Sur ces paroles je vous renouvelle mes vœux de solidarité, mes vœux de riposte et de luttes réussies. Très bonne année 2018 à tous et à vos proches.

 

 Marseille le 22 janvier 2018

 

Seul le prononcé fait foi

 

 

 

 

 

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