Intervention de Claude Jorda à l’hommage au groupe Manouchian le 18 février 2017 à GARDANNE

Monsieur le Député,P1090283
Monsieur le Maire,
Madame et Messieurs les Présidents d’associations
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,P1090269
Depuis plusieurs années, c’est toujours avec émotion que je participe avec vous à l’hommage rendu à la Résistance pour rappeler les actions héroïques de tous ceux qui ont combattu pour défendre la liberté et sont tombés pour la France.

Cette année, cela fera 73 ans que les membres du Groupe Manouchian qui, après avoir été torturés, ont été fusillés au Mont Valérien et qu’Olga BANCIC la seule femme du groupe, a été décapitée à Stuttgart.

73 ans et certains souhaiteraient qu’on oublie le rôle héroïque que ces Hommes et femme ont joué. C’est sans doute le sens de l’abjecte profanation de la stèle qui leur rend hommage à Marseille en début de semaine. Je condamne avec fermeté ce geste de haine, cette atteinte à la mémoire de ces résistants qui sont morts pour que notre pays retrouve la paix et construire un monde de solidarité.

Non ! Nous n’oublions pas et nous comptons bien continuer à honorer leurs mémoires encore et encore.

Car ce groupe reP1090277ndu célèbre par ses faits d’armes et la non moins célèbre Affiche Rouge annonçant leur mise à mort, est emblématique de la résistance des Francs-Tireurs et Partisans de la Main d’Œuvre Immigrée (FTP – MOI).

Parmi les plus actifs et les plus déterminés contre l’occupant nazi, il était composé de 23 jeunes communistes et sympathisants:

– Français comme Georges CLOAREC refusant l’occupation et le régime pétainiste.
Mais aussi :

– Espagnols comme Célestino ALFONSO rescapé de la dictature franquiste et des camps français dans les Pyrénées.

– Hongrois, Polonais, Roumains comme Thomas ELEK ; Marcel RAJMAN ou Olga BANCIC juifs et pour la plupart échappés de la rafle du VEL D’HIV.P1090258

– Italiens comme Pino Dalle Negra résistant au fascisme de Mussolini.

– Arméniens comme Missak MANOUCHIAN dont la famille a subi le génocide perpétré par la Turquie en 1915.

Ils étaient donc pour la plupart des femmes et des hommes chassés de leurs pays par la misère, la guerre ou les persécutions.
En ce temps-là, on ne les appelait pas encore des migrants !!

« L’Affiche Rouge », sur laquelle figuraient 10 d’entre eux, devait servir à la propagande nazie qui stigmatisait l’origine étrangère de la plupart des membres de ce groupe, principalement des Arméniens et Juifs d’Europe de l’est.

Mais au contraire, les visages de ces résistants suscitèrent la sympathie et l’admiration. De nombreux anonymes déposeront des fleurs pour ces « martyrs ». Louis ARAGON de son côté écrit : « Mais à l’heure du couvre-feu, des doigts errants avaient écrit sous vos photos : Morts pour la France ».

Le fait que le groupe Manouchian était constitué de membres de la main d’œuvre immigrée, de nationalités et de confessions religieuses différentes, est bien un symbole fort qui prend toute sa signification actuellement.

Ce symbole fait la démonstration de leur courage et de leur abnégation mais il indique aussi qu’au-delà des différences, on peut être réunis pour une cause commune, la défense de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.

Cette image des résistants est résolument moderne.

Au moment où nous somP1090257mes confrontés partout dans le monde aux nationalismes, aux fanatismes, aux fondamentalistes de toutes sortes, nous devons nous dresser face à ces véritables fléaux de l’humanité.

Et suite aux tragiques évènements et attentats qui ont frappé notre pays, nos pensées sont tournées vers toutes les victimes de ces atrocités.

Face à tant d’horreurs, le combat des démocraties doit s’inscrire dans le respect des droits de l’homme, la recherche de la paix et la transmission à nos enfants des valeurs essentielles de tolérance et de respect de l’autre.

Au nom de tout cela, on ne peut que regretter que la République n’ait pas poussé la reconnaissance légitime de ces 23 héros en transférant les cendres de Missak MANOUCHIAN au Panthéon malgré l’Appel lancé en 2014.

Pour terminer, permettez-moi de citer Henri Bartoli, résistant français :

« Résister, c’est combattre toutes les injustices, toutes les atteintes à la dignité humaine et à la liberté, c’est en même temps créer, c’est reprendre les valeurs qui sont menacées pour leur redonner vie et faire qu’elles répondent aux circonstances historiques nouvelles dans lesquelles elles doivent être vécues ».

Je vous remercie.

Claude Jorda
Gardanne, le 18 février 2017

Photos C.D

Leave a comment

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.