Conseil de canton association : Biver le 28 novembre 2017 – Intervention de Claude Jorda

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Mesdames Messieurs

Je vous remercie d’avoir répondu à notre invitation pour ce deuxième conseil cantonal associatif.
En quelques mots je rappelle comment est venue la proposition d’organiser une telle rencontre, la deuxième du genre.

De nombreuses associations m’ont interpellé sur plusieurs points que nous évoquerons au cours de cette rencontre, mais plus précisément sur 4 problématiques :

1/ les difficultés dues à la baisse générale des subventions de la quasi-totalité des collectivités , Région, département et commune.
2/ la situation critique à laquelle sont confrontées certaines structures associatives du fait de la suppression des emplois aidés.

3/ la question du bénévolat, des responsabilités accrues qui pèsent sur les bénévoles en même temps qu’un manque de reconnaissance de leur action

4/ enfin, et j’insiste sur ce dernier point parce qu’il est un des éléments de réponse aux questions précédentes, la nécessité pour le mouvement associatif dans sa grande diversité de pouvoir échanger, de mutualiser expériences et pratiques et sortir ainsi du lien unilatéral avec le politique.

Je vous propose que nous organisions nos échanges sur cette base dans la perspective de faire un état des lieux du mouvement associatif sur notre canton,

de trouver ensemble ce que nous pouvons faire d’utile au service des associations, et donc des habitantes et habitants de nos communes.

Ainsi donc vous comprenez que je ne viens pas avec des solutions toutes faites que je n’ai pas, mais dans l’esprit de voir comment je peux relayer vos besoins et vos propositions, comment nous pouvons ensemble, mais également avec les adhérents de vos structures, les élu.es et toutes celles et ceux qui voudront bien appuyer cette démarche nous pouvons dégager d’autres perspectives.

Avant de vous laisser la parole permettez-moi de retracer le cadre général dans lequel nous sommes au regard des 4 thèmes qui nous préoccupent aujourd’hui.

On assiste aujourd’hui en France à un recul de la démocratie. Cette affirmation qui peut surprendre je veux l’illustrer au travers de la mise sous tutelle des collectivités locales par le gouvernement et par l’affaiblissement  du mouvement associatif.

L’ensemble des collectivités sont soumises de la part du gouvernement à une cure austéritaire qui se répercute dans divers domaines de la vie locale et dont les effets vont s’aggraver encore dans les mois qui viennent.

Le mal viendrait dans notre pays des dépenses de fonctionnement trop élevées dans nos collectivités dont l’endettement n’est que de 8 %.

Nul ne niera la nécessité de gérer au mieux les deniers publics mais se focaliser sur les dépenses de fonctionnement a un sens tout particulier.

Les dépenses de fonctionnement ce sont les services publics locaux, les crèches, les foyers de personnes âgées, les écoles de musique ou d’art, les garderies périscolaires, les cantines, les centres aérés, toute l’action sociale… ce sont aussi les subventions aux associations et l’aide matérielle qu’on leur apporte.

Les communes ont déjà perdu du fait du précédent gouvernement 11 milliards d’euros de dotation, elles devraient en perdre 13 supplémentaires dans les 5 ans à venir .Désormais 65 % des recettes des communes dépendraient de l’État. La proposition de supprimer le taxe d’habitation est le dernier  tour de passe -passe scandaleux puisque cela se traduira inévitablement par des réductions de services ou des augmentations de tarifs pour les services locaux.

Les dotations de l’Etat qui ne sont pas un cadeau fait aux collectivités mais la simple compensation des transferts de charges.

Les collectivités se trouvent donc dans l’obligation de faire des choix, de tailler dans les dépenses et ce n’est pas facile, même si nous constatons que les priorités retenues ne sont pas partout les mêmes.

Les associations ne peuvent pas plus que les collectivités servir d’ajustements budgétaires.

Je voudrais dire quelques mots maintenant sur la suppression des emplois aidés.

Lors de notre précédente rencontre nous l’avions évoquée comme un risque, il est aujourd’hui avéré.

Vous connaissez notre position : les emplois aidés ne sont pas la panacée et ne doivent pas se substituer à des emplois de droit de commun.

Ils se sont révélés toutefois utiles pour répondre à des besoins non satisfaits ou permettre à des personnes loin de l’emploi de reprendre contact avec le monde du travail, et au mouvement associatif d’améliorer son offre.

Pour ma part je conteste totalement l’argument selon lesquels ces emplois seraient d’un coup trop élevé  pour la collectivité.

En effet, comme l’a montré le collectif des associations citoyennes,

la suppression des contrats aidés est un immense plan social qui menacent plus de 250 000 emplois en France..

Quelques éléments de comparaison pour en juger.

Le C.I.C.E, avec 20 milliards d’Euros par an, c’est  entre 286 000 à 570 000 € par emploi. Il devait permettre de créer 1 million d’emplois, moins de 100 000 auraient été créés ou sauvegardés sur cette période, selon le comité officiel  de suivi de ce dispositif.

Si elle ne dit rien sur ce fiasco, la ministre du travail justifie la suppression des emplois aidés par la nécessité de financer un vaste plan pour la formation professionnelle, qui serait mieux à même de faciliter le retour à l’emploi des chômeurs.

Le gouvernement s’apprête ainsi à dépenser 15 milliards d’euros pour activer la formation professionnelle,  avec l’objectif déclaré de créer 300 000 emplois pour un coup de 50 000 € par emploi. Nous sommes favorables à l’investissement pour la formation professionnelle des chômeurs et de l’ensemble des salarié.e.s.

Mais il faut rappeler que les contrats aidés cela représente pour l’État de 7 000 à 11 000 euros par emploi soit pour 2017 de l’ordre de 2,4 milliards d’euros.

Cela est loin d’être négligeable mais a permis de satisfaire des besoins et de remettre sans délais des femmes et des hommes au travail.

Je souhaite que nous puissions faire avec vous le point sur les effets de ces suppressions de postes pour les associations concernées. Une note sur la situation sur le département telle que nous la connaissons est par ailleurs disponible.

Le troisième sujet sur lequel je vous propose d’échanger est le bénévolat. Beaucoup d’associations nous font part d’une double difficulté le manque de bénévole allié à de nouvelles exigences. C’est le cas pour les associations de solidarité par exemple confrontées à une explosion de la demande mais aussi pour d’autres associations sportives par exemple. En parallèle on demande aux bénévoles d’assumer plus de responsabilités y compris sur le plan judiciaire en cas de problème sans vraie reconnaissance de leur apport essentiel à la vie locale, leur rôle essentiel pour faire vivre une démocratie de proximité.

Peut-être avez-vous sur cette problématique des propositions que nous pourrions partager ?

Enfin je vous rappelle que l’une des raisons qui ont conduit à la tenue d’un conseil de canton sur les associations est la demande de certaines d’entre elles d’avoir des échanges avec d’autres structures intervenant sur le même champ ou sur des activités similaires , afin de se connaître et de partager les expériences.

Je crois que concernant les trois questions précédentes vous avez peut être élaboré des éléments de réponse qui pourraient profiter à d’autres ou que nous pourrions reprendre en commun pour les faire valoir auprès des pouvoirs publics.

Pour ma part je suis à votre disposition pour relayer vos propositions et vos demandes.

 

 

 

 

 

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